jeudi 20 octobre 2011

Stéphane Hessel - Indignez-vous ! C'est fait, merci !

Voici peut-être un des ouvrages dont on a le plus parlé ces temps-ci... N'imaginez pas un pavé, Indignez-vous ! fait 11 pages hors fioritures.

Que dire de celà, sinon du fait que j'ai été effectivement indigné. Pas vraiment par les quelques mots qui expliquent que ce n'est pas en restant silencieux que le monde changera, indigné peut-être par le message de fond ce livre, indigné peut-être parce qu'avant de "protester" j'aurais suggéré de penser, indigné peut-être parce qu'à la réflexion il est effectivement plus vendeur de dire "indignez-vous !" que "geignez !" même si le sens reste le même.

Cette absence de réflexion, je la ressens tout d'abord par les biais d'informations du texte. C'est aisé de présenter la Résistance comme une oeuvre de bien absolue dont De Gaulle incarnerait Dieu le père et le nazisme l'incarnation du mal. Il faudra considérer que le point des camps de concentration était inconnu durant la guerre, on avait donc simplement un envahisseur de plus. Ça, on oublie !

C'est élégant de critiquer nazisme allemand, communisme soviétique et fascisme italien, voici l'offre tant vantée de la Résistance :

«Une organisation rationnelle de l'économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l'intérêt général [...]»

Bref ... la même soupe.

C'est également facile de faire croire que toute les français étaient unis comme un même homme derrière la Résistance, mais si cela avait été le cas, j'imagine que les allemands auraient eu plus vite fait de vitrifier le pays que d'essayer de l'occuper.

Parenthèse humoristique.

Continuons sur la résistance, M. Hessel se complait à nous dépeindre la Résistance comme une oeuvre humaniste, on doit bien également à quelques uns de ces gens des procès sommaires à la Libération, la tonte de femmes ayant couchés avec les allemands ? Ça, on oublie !

Parmi les oublis, je vous épargnerais ici un allumage en règle du système de retraite et de la sécurité sociale français, ça nous fera un peu de redite.

On continue sur autre chose alors ? C'est facile de regarder et de présenter la situation israelo-palestinienne sous le prisme "enculés d'israeliens" en omettant toute mention au fait que le Hamas soit un mouvement aux pratiques douteuses et je doute que son seul crime soit de "n'avoir pas su réussir à empêcher des tirs de roquets". Ça, on oublie ! French touch certainement.

Pour finir, vous vous en douterez bien, après les juifs israéliens, les banquiers et l'accroissement des inégalités tout ça. J'ai vraiment beaucoup de mal à pleurer quand on m'explique l'accroissement des inégalités, en m'informant que des vivent avec moins de deux euros par jour en faisant totalement abstraction du fait qu'ils ne payent certainement pas leur baguette 0,90 € et que de ce fait les deux euros ne signifient rien. Peut-on faire mieux en matière d'information biaisée ?

Travail d'ambassadeur exige, je juge rhétoriquement parfait cet oubli subtil, léger et discret de toutes les ignominies que l'on peut mettre sur le dos de l'Etat français et de la république du général.

Nouvel interlude humoristique.

Dois-je parler de la corruption ? Dois-je parler du tout Etat ? Dois-je parler de ces syndicats véreux qui ne représentent rien ni personne et ont encore tout pouvoir ? Dois-je parler de cette Sécurité Sociale (gérés par les mêmes syndicats) qui nous arrachent les tripes et offrent en échange une opération de l'appendicite gratuite (uniquement chez les médecins assermentés) ? Dois-je parler de l'ingérence sélective dont fait preuve l'Etat français pour la gestion de son "rayonnement à l'international" sous réserve que cela arrange Total ou un autre ? Ça, on oublie : concentrons-nous sur la financiarisation !

Je ne peux même pas me retrouver dans la mise en avant de la non-violence dans l'essai : présentée comme un autre dogme, ça perd de sa saveur. Surtout quand finalement il ne s'agit que d'imposer une autre vision par la voie légale. Pour ma part, j'ai choisis d'élargir la non-violence à la non-coercition.

S’indigner peut-être. Réfléchir certainement. Bêler avec le troupeau jamais.


3 commentaires:

  1. Comme je te disais tout à l'heure, "Sympa mais simplet!" Le problème, c'est qu'on a fait vraiment trop de bruit pour rien....

    Et moi ce qui m'inquiète c'est justement que les Français n'en ont pas tari d'éloges....pour qu'il se vende si bien !
    "Sont pas très compliqués les frenchi... !"

    J'aime : "S’indigner peut-être. Réfléchir certainement. Bêler avec le troupeau jamais."

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  2. Je pense que s'il s'est bien vendu, c'est plus par qui l'a écrit, parce que ça faisait une jolie histoire sur un "bon français" que pour une question de fond.

    Du reste, merci pour vos compliments.

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