lundi 31 octobre 2011

Philip K. Dick - Le Maître du Haut Château

Lire un livre, c'est bien, le comprendre c'est mieux. Dans son roman Le Maître du Haut Château, Philip K. Dick décrit une uchronie dans lequelle l'Axe aurait gagné la seconde guerre mondiale. Le roman se déroule dans un monde où ce qui était les Etats-Unis sont en réalité partagés entre les Japonais et l'Allemagne nazie.

Ces premières briques posées l'auteur mène quelque réflexions intéressantes par le biais de différents personnages sur les conséquences d'une telle situation : poursuite du génocide, développement d'une guerre froide où les principaux acteurs ne serait plus les occidentaux et les soviétiques mais bien un triptyque Japon, Allemagne jouxtée une Italie fasciste.

Dans un effet de mise en abîme, ce monde héberge un auteur qui a écrit une uchronie décrivant une situation proche, quoique légèrement différente de la réalité que nous connaissons. Cet ouvrage intitulé La Sauterelle se lit en sous main car il est peu approuvé par les forces en présence puisqu'elle s'y voit réduite à l'état de peuples occupés.

Les histoires de différents personnages se croisent s'en pour autant se rencontrer. Certaines amènent le lecteur à s'interroger sur la situation des peuples ayant perdu la guerre et vivant sous une occupation, d'autres présentent la géopolitique du monde tel qu'il aurait pu être, un monde où les vainqueurs finissent bien par être obligés de se trouver un nouvel ennemi.

Ce qui m'a manqué dans cet ouvrage c'est le moment que l'on attend bien souvent au détour de ces chemins croisés où l'on comprend pourquoi ils devaient se croiser. Seulement voilà : "go fuck yourself !", y'en a pas. Je vous invite donc à reboucher le champagne et ranger les petits fours, pas d'apothéose au menu de ce soir, merci, bonne soirée.

J'ai eu du mal à aller au-delà de cette fin, de ce rendez-vous manqué, j'ai eu du mal à essayer de donner un autre sens à ce livre. Et Philip K. Dick ayant un talent certain pour l’insensé, je m'étais résigné à accepter l’inacceptable d'une histoire au sens profond qui était absent ou m'étais inaccessible. J'ai cependant eu le plaisir de compléter ma lecture avec l'analyse présente sur Wikipedia (à lire après l'oeuvre) petit réconciliation de dernière minute avec l'ouvrage au moment de l'écriture de cet article.

Ce que j'apprécie énormément dans K. Dick ce sont ces mondes qui décrivent des situation étrange, invitant à la réflexion, ce que j'aime moins ce sont ces passages difficiles à lire, ces intrigues qui ne mènent à rien, j'ai l'impression d'être inviter au restaurant et d'attendre pour l'éternité des plats qui n'en finissent par d'arriver.


jeudi 20 octobre 2011

Stéphane Hessel - Indignez-vous ! C'est fait, merci !

Voici peut-être un des ouvrages dont on a le plus parlé ces temps-ci... N'imaginez pas un pavé, Indignez-vous ! fait 11 pages hors fioritures.

Que dire de celà, sinon du fait que j'ai été effectivement indigné. Pas vraiment par les quelques mots qui expliquent que ce n'est pas en restant silencieux que le monde changera, indigné peut-être par le message de fond ce livre, indigné peut-être parce qu'avant de "protester" j'aurais suggéré de penser, indigné peut-être parce qu'à la réflexion il est effectivement plus vendeur de dire "indignez-vous !" que "geignez !" même si le sens reste le même.

Cette absence de réflexion, je la ressens tout d'abord par les biais d'informations du texte. C'est aisé de présenter la Résistance comme une oeuvre de bien absolue dont De Gaulle incarnerait Dieu le père et le nazisme l'incarnation du mal. Il faudra considérer que le point des camps de concentration était inconnu durant la guerre, on avait donc simplement un envahisseur de plus. Ça, on oublie !

C'est élégant de critiquer nazisme allemand, communisme soviétique et fascisme italien, voici l'offre tant vantée de la Résistance :

«Une organisation rationnelle de l'économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l'intérêt général [...]»

Bref ... la même soupe.

C'est également facile de faire croire que toute les français étaient unis comme un même homme derrière la Résistance, mais si cela avait été le cas, j'imagine que les allemands auraient eu plus vite fait de vitrifier le pays que d'essayer de l'occuper.

Parenthèse humoristique.

Continuons sur la résistance, M. Hessel se complait à nous dépeindre la Résistance comme une oeuvre humaniste, on doit bien également à quelques uns de ces gens des procès sommaires à la Libération, la tonte de femmes ayant couchés avec les allemands ? Ça, on oublie !

Parmi les oublis, je vous épargnerais ici un allumage en règle du système de retraite et de la sécurité sociale français, ça nous fera un peu de redite.

On continue sur autre chose alors ? C'est facile de regarder et de présenter la situation israelo-palestinienne sous le prisme "enculés d'israeliens" en omettant toute mention au fait que le Hamas soit un mouvement aux pratiques douteuses et je doute que son seul crime soit de "n'avoir pas su réussir à empêcher des tirs de roquets". Ça, on oublie ! French touch certainement.

Pour finir, vous vous en douterez bien, après les juifs israéliens, les banquiers et l'accroissement des inégalités tout ça. J'ai vraiment beaucoup de mal à pleurer quand on m'explique l'accroissement des inégalités, en m'informant que des vivent avec moins de deux euros par jour en faisant totalement abstraction du fait qu'ils ne payent certainement pas leur baguette 0,90 € et que de ce fait les deux euros ne signifient rien. Peut-on faire mieux en matière d'information biaisée ?

Travail d'ambassadeur exige, je juge rhétoriquement parfait cet oubli subtil, léger et discret de toutes les ignominies que l'on peut mettre sur le dos de l'Etat français et de la république du général.

Nouvel interlude humoristique.

Dois-je parler de la corruption ? Dois-je parler du tout Etat ? Dois-je parler de ces syndicats véreux qui ne représentent rien ni personne et ont encore tout pouvoir ? Dois-je parler de cette Sécurité Sociale (gérés par les mêmes syndicats) qui nous arrachent les tripes et offrent en échange une opération de l'appendicite gratuite (uniquement chez les médecins assermentés) ? Dois-je parler de l'ingérence sélective dont fait preuve l'Etat français pour la gestion de son "rayonnement à l'international" sous réserve que cela arrange Total ou un autre ? Ça, on oublie : concentrons-nous sur la financiarisation !

Je ne peux même pas me retrouver dans la mise en avant de la non-violence dans l'essai : présentée comme un autre dogme, ça perd de sa saveur. Surtout quand finalement il ne s'agit que d'imposer une autre vision par la voie légale. Pour ma part, j'ai choisis d'élargir la non-violence à la non-coercition.

S’indigner peut-être. Réfléchir certainement. Bêler avec le troupeau jamais.


lundi 10 octobre 2011

Si l'Etat français était un de ses contribuables

Si l'Etat francais était l'un de ses contribuables il prendrait un crédit à la consommation à chaque fin de mois pour réussir à payer son accès internet, son alimentation et son loyer. Cette situation perdurait depuis 40 ans. Chaque mois, son plus gros budget serait le remboursement de ses crédits.

Le problème de la dette c'est celui-là ; chaque année on creuse un peu plus le trou à l'aide d'un déficit de plusieurs milliards, et on ne creuse pas ce trou parce qu'on investit. Si l'investissement en était la cause ce ne serait pas un problème si important, car pour commencer à rembourser la dette, il suffirait que notre contribuable cesse de placer en bourse ou d'acheter de l'immobilier. Le problème c'est que dans son état actuel, si notre contribuable-état veut arrêter d'emprunter il faut qu'il arrête de manger.

Les espoirs sur la dette ?

La croissance : que notre contribuable arrive à avoir une augmentation salariale sans rien consommer de plus.

L'inflation à travers l'impression monétaire : que notre contribuable se mette discrètement dans sa cave à imprimer des petits billets, environ l'équivalent de son salaire annuel, pour satisfaire ses créanciers.

Dans la réalité ?

L'hypothèse de croissance signifierait que la France devrait viser la croissance chinoise. Ça signifierait un léger changement de paradigme par rapport à la situation actuelle ; comme au gouvernement et ailleurs on n'envisage la croissance que comme le fruit d'un plan quinquennal vertueux, on poposerait donc de tripler le problème de la dette avant de le résoudre (oui c'pas facile à saisir conceptuellement).

La création monétaire, ça revient globalement à léser les créanciers : ils n'aiment pas trop. Si la quantité monétaire augmente pour une même quantité de biens, le prix des biens augmentent. Si votre baquette coute 3€, c'est moins drôle de revoir les 20€ que vous avancez à votre voisin à l'époque où la baguette coutait 0,80€.

Hypothèse non-envisagée

Si notre contribuable regarde un petit peu son style de vie, il peut s'apercevoir qu'il s'achète des sous vêtements Versace, qu'il donne tous les jours 2€ au clochard qui est au pied de l'immeuble où il travaille, qu'il achète 15 DVD par mois et que son alimentation foie gras/caviar laisse à désirer.

S'il pratique la méthode de l'administration française, il vous expliquera que le prix de ses slips ne représente que 3% du problème. Un peu plus tard, le sujet de l'alimentation viendra, certes c'est 10% des dépenses mais ça en impose autour de lui. Quand on parlera du sujet des DVDs, il s'étendra sur l'importance de son rayonnement culturel auprès des pecnos qui, comme lui, vivent au-dessus de leur moyens. Sur le point de la charité il sera intraitable, son statut d'être humain en dépend et lui interdit d'ignorer son prochain.

Notons que ce contribuable aurait la délicatesse, à la différence de l'Etat, de ne payer ces extravagances qu'avec son propre argent.

Illustration trouvée ici


mardi 4 octobre 2011

Réseau : le prochain blocage technologique

L'économie peut-être parfois vue comme un jeu subtil dont les rouages semblent inintelligibles jusqu'à ce que l'on puisse observer une situation a posteriori.

Un des exemples parlant qui me vient à l'esprit est l'explosion des applications sur mobile. Avant l'iPhone tout était pratiquement là : des appareils suffisamment puissants, de surcroit connectés, des outils de développement existant sur des technologies répandues.

Ils manquaient plusieurs choses mais qui à l'époque ne signifieraient rien : de la qualité pour l'utilisateur. Pourquoi améliorer l'expérience utilisateur dans les applications et sur le web si les utilisateurs ne s'en servent pas. Arrêtons nos considérations ici le serpent pourrait se manger la queue.

Apple a offert aux utilisateurs une navigation de qualité et des applications propres et surtout simples à installer. Sur le fond, aucune avancé technologique majeure n'a été effectué, l'avancé était de rendre la technologie transparente et orientée vers un usage.

Toutes ces applications qu'elles soient sur mobile ou de plus communes applications web souffrent d'une faiblesse qui vient de leur plus grande force : la connectivité. En effet la connectivité consomme de la bande passante et demande que l'utilisateur ait accès au réseau. Tout ce monde d'innovation a une épée de Damoclès au-dessus de sa tête : le réseau et ses contraintes.

Les opérateurs fournissant le réseau sont arrivés à un stade où leur capacité à créer de la valeur est en train de s'effondrer. Le produit qu'ils fournissent n'est plus un produit fini, c'est un produit intermédiaire "avoir le téléphone" n'est plus une finalité de premier rang, s'y sont substituer "lire ses emails", "consulter wikipedia" et "se connecter sur Skype" pour lesquels le raccordement à un réseau est une condition nécessaire mais pas suffisante. Innover pour eux ne signifie pas toucher de nouveaux marchés, mais faire plus vite et moins cher. "Produire moins cher" a le gros défaut de signifier également à marge réduite. Oubliez la Orange TV, l'octuple play et autres consoles incorporées dans une box, ce ne sont que des symptômes du présent propos : des tentatives de repenser un métier qui s’essouffle.

Les opérateurs ne vivent encore correctement que parce que le service qu'ils produisent s'appuie sur des investissements colossaux et freine donc l'arrivée de nouveaux entrants et par là l'intensité concurrentielle. Le réseau français est saturé ? C'est catastrophique pour ceux qui souhaitent s'appuyer dessus, mais ça permet de justifier des prix élevés. Désaturer le réseau, c'est une solution inintéressante, car les opérateurs savent bien qu'ils ne vendront pas plus de nouveaux forfaits en baissant les prix.

Le taux d'équipements des ménages est à 100% pour le mobiles, personne ne veut se passer de son mobile. Ce que gagne un opérateur il le prend soit à un autre, soit à une autre industrie en diminuant la part de budget restant au consommateur, aucun incitation à la baisse de coût n'est visible. Si l'industrie s'entend correctement sur les tarifs alors pourquoi baisser les prix ? Diviser le prix de l'abonnement internet par deux n'augmentera pas d'un iota le nombre desdits abonnements.

Ce frein à l'innovation est déjà palpable. Notre cher et tendre fleuron France Telecom est un des premiers acteurs du marché africain où l'on essaye d'interdire au mieux la VOIP de peur certainement de ne plus vendre de minute de communication à des prix exhorbitant... une version malgâche de l'internet par Orange certainement. Le PDG de France Telecom, quasi filiale du ministère de l'économie fait usage de sa charge pour défendre a mainte reprise la non neutralité du net.

Petite question si vous avez suivi quelque peu : comment lancerez vous le service de demain si la moitié de vos utilisateurs potentiels ne peuvent pas l'utiliser ? Les levées de fonds en France devront-elles servir à financer un achat de droit pour une entrée dans un France Telecom World quelconque ?

Au milieu de celà, il faut considérer que si les opérateurs n'avancent pas d'eux-mêmes ce sont les géants du web qui abattront ce mur anti-innovation. Si personne ne veut donner à leur client un accès de qualité à leur service, ils le donneront eux-mêmes.

Illustration prise ici


Related Posts with Thumbnails