dimanche 14 août 2016

La tolérance ne marche pas que pour les traits innés

Les débats sur l'homosexualité, les différentes races ou les différentes cultures me laissent souvent sceptique lorsque je constate que l'argument favoris des progressistes et d'expliquer qu'il n'y a pas de choix.

On ne choisit pas d'être homosexuel.

On ne choisit pas d'être arabe.

On ne choisit pas d'être musulman.

Si ces arguments reposent sur des faits généralement acceptés, avec peut-être une exception pour le dernier. Ils me gênent dans le sens où ils acceptent dès le départ qu'il s'agit fondamentalement d'un problème.

Ceci permet de mélanger dans une même personne une haute estime de sa capacité de tolérance et sont irrespect le plus profond de tout mode de vie différent du sien, voir travail du dimanche, légalisation du cannabis, acceptation d'Airbnb ou d'Uber.


vendredi 24 juin 2016

Brexit, voyons le négatif mais aussi le positif

Un billet très court sur le vote britannique demandant une sortie de l'union européenne.

Il semble courant pour les partisans du "remain" d'insulter Cameron pour avoir eu le bon goût de laisser place à un peu de démocratie sur un sujet tumultueux, et d'insulter les partisans de l'"exit" comme si la pression vindicative et le mépris de leur opinion allait leur donner de bonnes raisons de changer d'avis.

Ne serait-ce que pour les libertés d'échanges et de circulation nous pouvons regretter ce choix légitimement, rabaissant des millions de citoyens européens à cet usage méprisable du passeport et rappelant à l'existence des frontières dont l'absence était un progrès sociétal. Il est vrai également que le meilleur argument de l'Union Européenne, c'était de calmer cette soif de sang qui a longtemps secouée le continent européen.

Je pense qu'il est important de le regretter et de ne pas le mépriser. Il est aussi probablement valorisant de se poser des questions sur le positifs, à l'heure où l'Union Européenne est critiquée pour sa volonté à intervenir sur des politiques auparavant nationales, sa bureaucratie et son manque de transparence. Un précédent sur un état quittant l'Union est une invitation à repenser ou simplement penser sa légitimité et ses limites. Je ne suis pas sûr que la résultante de ce vote soit nécessairement mauvaise sur le long terme.


lundi 15 février 2016

Nymphomaniac de Lars von Trier

J'ai trouvé un peu d'inspiration, autant écrire, n'est-ce pas ?

Très légers spoils, lecteur tu es prévenu.


J'ai eu le "plaisir" de regarder Nymphomaniac de Lars von Trier. Il serait un peu hypocrite de considérer qu'il y a deux films, il n'y a qu'une seule histoire, aucune transition entre les deux aucun changement de ton. Non,  vraiment, vous regardez un film de 5h30. Quand au mot "plaisir" accompagné de ses guillemets, c'est que Nymphomaniac m'a un peu fait l'impression d'un Requiem for a Dream, c'est beau, ça pose des questions, mais c'est glauque.

Le mot nymphomane n'est pas neutre, notre cerveau le relis a la lubricité, certains fantasmes, d'autres, plus prudes sont dégoutés, mais dans le fond les deux oublient trop facilement que c'est une dépendance avec sa dimension destructrice. Comme toute addiction, il y a les voies hautes, joyeuses, vivantes et euphoriques, il y a aussi les pentes menant vers la destruction, la haine, le moche. Tout le film s'articule autour de cette dualité, et la beauté vient du contraste. Après s'être fait tabasser dans la rue, Joe échoue chez Seligman qui la porte chez lui et écoute son histoire. Une histoire qui commence dans sa petite enfance, et l'amène, au fil d'une nuit, jusqu'au présent, jusqu'à ce qu'elle est.
Seligman est un cinquantenaire asexuel, amoureux de littérature, de pêche et de discussion.

Le film s'articule sur Le contraste. Entre Seligman le stoïque, et Joe l'hédoniste.


Seligman: Well, I divide humanity into two groups: the people who cut the nails on the left hand first, and the people who cut the nails of the right hand first.

My theory is that the people who cut the nails of the left hand first, they're more light-hearted. They have a tendency to enjoy life more, because they go straight for the easiest task, and save the difficulties for later.

So what do you do?

Joe: Always the left hand first. I don't think there's a choice. Go for the pleasure first, always.

And then when you've done the left hand, only the right hand remains. That's the easiest one left.

Seligman: I never thought of it like that.

Traduction libre.

Seligman: Je divise l'humanité en deux groupes, le gens qui se coupent d'abord les ongles de la main gauche et ceux qui commencent par ceux de la main droite.

Ma théorie est que ceux qui commencent par la main gauche ont le coeur plus léger. Ils ont une tendance à apprécier plus la vie, ils vont vers la tâche la plus facile et gardent les difficultés pour plus tard.

Toi, par quoi commences-tu ?

Joe: Toujours la main gauche en premier. Je ne pense pas qu'il y ait un choix. Va chercher le plaisir en premier, toujours !

Et après, quand tu as finis la main gauche, il ne reste que la droite. C'est la plus simple qu'il reste.

Seligman: Je n'ai jamais vu les choses sous cet angle.


Mais toute l'histoire s'articule autour de ces contrastes et donne parfois une dimension innatendue à des détails. Joe parlant d'attirer les hommes, Seligman fait un parallèle sur la pèche en rivière. Joe s'adonne au sadomasochisme tout en faisant exploser sa famille.

Mais comme un rythme, il y a cette trame de fond, plaisir et destruction. En tant que spectateur j'ai été régulièrement baladé entre un sentiment d'excitation, ou de joie ramené très rapidement à un dégoût, un doute, un constat de destruction. C'est un voyage constant de l'un à l'autre.

Une réflexion profonde sur l'hédonisme, mais également sur l'identité, la narratrice principale s'identifiant souvent à son addiction, y voyant une revendication identitaire dans ses pratiques et son anticonformisme. Son autodestruction lui permettant aussi de comprendre, ou de porter un autre regard, comme lorsqu'elle croise un pédophile refoulé, criminel en puissance, un homme qui se hait peut-être autant qu'elle se hait.

Côté realisation, tous ces plis et ces fluides corporels rappelleraient presque le sénat les jours de frites à la cantine: ça faisait longtemps que je n'avais pas vu autant de pénis sur un écran. Mais ce n'est pas un porno, ça semble vrai, ça semble naturel. Le jeu d'acteur est irréprochable et la photographie nous immerge.

On en ressort un peu choqué, en bonne disposition pour une introspection.


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