vendredi 18 octobre 2013

Boris Vian dans l'Herbe Rouge

«J'accuse mes maîtres, dit Wolf, de m'avoir, par leur ton et celui de leurs livres, fait croire à une immobilité possible du monde.»


jeudi 26 septembre 2013

Et si nous manquions de mots ?

Finalement, lorsque deux individus discutent, il est rare que, tous deux de bonne volonté, ils ne se trouvent des points d'accords. Selon moi, une des raisons principales est que les mots nous trahissent et bien souvent leur manque de précision gêne notre pensée.

On note dans le genre: la différence entre le "droit de faire quelque chose", qui indique une liberté et le "droit à quelques chose", qui désigne généralement un droit construit, le droit de venir réclamer quelque chose à la société. Le problème de ces deux notions c'est qu'elles désignent toute deux des notions de droits, toutes deux une opportunité laissées aux individus, l'incapacité d'avoir un mot pour chaque tend à rendre difficile certaines distinction. Par exemple, si je parle du droit des femmes, est-ce que je parle du fait d'avoir les mêmes droits que les hommes, ou du droit d'exiger une parité dans les conseils d'administration et les assemblées fainéantes d'un gouvernement ?

Certains mots n'existent pas, ou ont été phagocytés par d'autres concepts. Pour beaucoup l'enjeu de la démocratie est de mettre un papier dans une enveloppe, pour d'autres, il s'agit de choisir un chef. Pour l'un ou pour l'autre, il est intéressant de noter que la monarchie élective peut satisfaire à ces deux critères. Refusant de pousser la réflexion, beaucoup sont incapables de poser clairement ce qui différencie la démocratie française d'un tel système. Un symptôme, je pense. Certains termes émergent comme celui de "démocratie liquide", mais la faiblesse de ces concepts est de devoir devenir norme avant d'avoir une réelle utilité.

"Racisme" est également un concept assez intéressant, l'idée originale qu'une race est inférieure par nature à une autre, est une idée qui rencontre relativement peut d'adeptes. Si l'on fait glisser ces considérations sur des idées nationalistes, de chacun chez soit ou de supériorité culturelle, pourquoi pas de nécessité de "mimétisme des autochtones chez les populations migrantes", le nombre d'intéressés grimpe en flèche. Quelle importance me direz-vous ? Le racisme est assez universellement admis comme mauvais. Les nationalistes ne se sentent pas visés par le terme, leurs adversaires se focalisent sur l'idée admise que le racisme est mauvais et en font l'argument ultime. Le débat ne dépasse pas celui du sens des mots. Ne parlant pas de la même chose, c'est l'incompréhension seule qui triomphe.


jeudi 5 septembre 2013

Est-ce qu'il existe des jobs bidons ?

Il y a quelques jours, je lisais un article fantastique dans Strike Mag qui parlait d'une explosion des "job bidon" (comprendre sans utilité pour le monde qui nous entoure) au cours du dernier siècle. L'article avait ses défauts, le principal étant peut-être un argument frisant la théorie du complot. Peu de temps après @Rubin s'insurgeait contre cette idée de "métier à la con" arguant que la notion d'utilité sociale n'existait pas.

En absolue, c'est vrai. Comment vous démontrer qu'un tel (potentiellement vous) est inutile ? En dehors de député (Prenez! C'est gratuit!), je pense qu'il y a peu d'emploi, de fonctions, où votre absence et celle de vos paires ne change rien au monde qui vous entoure.

Si le comptable de l'artisan permet à celui-ci de voir quand il gagne et quand il perd de l'argent, il n'en est pas moins vrai qu'il est aussi pour gérer un environnement administratif, fiscal et juridique créé de toute pièce. Est-ce que cet environnement est utile et nécessaire ? Autre question intéressante. Si nous admettons qu'il est en totalité ou partie inutile, alors quel est la proportion d'emploi de comptable générés par cette inutilité forcée ?

Si j'aurais du mal à vous faire admettre l'existant tant ceci semblerait être une attaque ad hominem sur certaines professions. Je pense que je peux vous voir acquiescer si je vous dis que si demain, l'envie en prenait à une assemblée réunie en séance, il serait facile de créer des postes sans valeurs ajoutées, voir contreproductifs. Inquiet de voir la progression de l'usage des stylos, une entité d'approbation des modèles avant leur mise sur le marché verrait le jour. Elle aurait pour objet premièrement d'approuver les nouveaux modèles et deuxièmement d'informer les consommateurs sur les dangers de ne pas écouter ses avis. Clic, clac, Kodak, voici donc un budget annuel se chiffrant en million dépensés en campagne de pub, charge administrative et réunions bidons... Si l'exemple des stylos ne vous semblent pas assez grotesque, inventez en un autre.

Si la possibilité de l'existence de jobs bidons est une réalité, j'aimerais évoqué la listes des raisons qui ferait qu'il n'y en aurait pas: ils créent de nouvelles charges économiques baissant la productivité des institutions souhaitant s'en pourvoir et diminue grandement leur compétitivité. Fin de la liste

Maintenant sachant que le monde n'est pas plat, on ne déménage pas à l'étranger d'un claquement de doigt, l'atomicité entre les offres des pays est faible, il m'est difficile d'avoir la couverture santé allemande avec le système de chômage espagnol tout en vivant à Paris. L'impact de ces différences de productivité ne se ferait probablement pas sentir que sur le long terme.

Si l'on considère les schémas qui peuvent pousser à la création de jobs bidons en revanche il y en a dont les effets peuvent être très court-termistes. Dans une culture où l'étalon maitre de la gestion économique est le nombre d'emploi et où le chantage à l'emploi est monnaie de référence, j'imagine qu'on trouve plus d'un politicien pour voter des emplois d'avenir et plus d'un grand patron pour choisir de garder un travailleur inutile qui lui coûte moins que la connivence ne peut lui rapporter.


jeudi 13 juin 2013

Et si la France avait besoin des conseils de Tyler Durden ?

Si vous n'avez pas vu Fight Club, arrêtez vous à ce paragraphe et aller voir ce bijou de cinéma. Revenez après, parce que ça pourrait spoiler.



Mais, tirez-vous !


Z'êtes encore là ?


Mais cassez-vous, allez voir ce putain de film !


Bon, parlons du projet du Chaos si vous y tenez



Il y a au sein de Fight Club, une ou deux leçons intéressantes que nos états modernes pourraient s'appliquer à eux-mêmes.

Tyler dit: "les choses que tu possèdes finissent par te possèder"... On a tellement peur de perdre ce que l'on a, on s'y est tellement habituer, que l'on a du mal à bien saisir: si l'on reste dans nos habitudes par confort ou par crainte. Tu ne pourras jamais être aussi libre de faire ce qui te plait que l'homme qui n'a rien à perdre. Cependant, en France, beaucoup de monde à quelque chose à perdre. La sécu, l'emploi, la retraite, et, en ces temps à l'horizon incertain, aucun joyaux ne brille suffisament dehors pour nous donner envie de sortir. Le brouillard est là, nous sommes au chaud, le cul dans un lit d'hôpital gratuit, une perfusion gratuite au bras; avec, gratuit ou presque, France 2 sur notre douce télé, on ne sait pas ce qui nous attend dehors, ça ne nous vient même pas à l'esprit de penser à aller voir. C'est la fable du chien et du loup, notre prison dorée nous aveugle. Esope won't be broadcasted.

En faisant exploser mon appartement, Tyler m'a montré que j'étais prisonnier de mon catalogue Ikea, j'avais l'impression d'être un homme accompli entre avec les dorures dans les salles de réunion de mes ministres, mes gardes aux portes du palais présidentiel, l'avion de mon président. Si je n'avais pas perdu tout ça tragiquement, j'aurais été incapable de croire que je pouvais m'en défaire. J'avais l'impression que tout ce qui était en place m'était essentiel.

Lorsque Tyler nous a donné des devoirs, il a commencé avec une première mission, provoquer un combat dans la rue. C'est fou ce que c'est dur de pousser les gens à se battre. Ils ont été dressés à tout faire pour éviter l'affrontement. La dernière chose que la société accepte c'est qu'on la discute ou qu'on la conteste sur ces fondements. Bien sûr détourner des fonds semble horrible, mais l'innomable est bien lorsque l'on demande la transparence, car la transparence ou le fait de rendre des comptes c'est un petit peu nos tabous à nous. Les français sont des nostalgiques de la monarchie, que voulez-vous ?

Ce que Tyler apprécie chez Marla, car elle cherche à toucher le fond. C'est sa petite théorie sur ce personnage énigmatique qui semble se foutre de tout.

Nous n'avons peut-être pas Tyler mais nous avons notre Marla inconsciente, la force de Marla selon Tyler c'est qu'elle essaye de toucher le fond. C'est un peu notre François Hollande à nous, cet attracteur vers le fond du fond. Peut-être qu'une fois au fond du gouffre, si fond du gouffre il y a. Les acharnés du passé se seront assez épuisés, et de nouvelles idées, de nouvelles dynamiques pourront émerger dans le pays.


mercredi 22 mai 2013

La pression réglementaire joue contre le consommateur

On parle souvent de directives, de lois, de réglements qui vont être instaurés pour protéger, informer, défendre, sensibiliser le consommateur. Toute choses étant par ailleurs égales, ces actions font tout l'inverse.

Raymond est boulanger, il gagne 10 centimes par baguette une fois qu'il a amortie le prix de la matière première, le loyer et les salaires. Par an, il doit amortir un four qu'il a changé il y a deux ans (admettons pour les besoins de la fiction que l'on puisse encore emprunter de l'argent aux gentilles banques), ça lui coute 10 000 €. Il est donc rentable an ayant vendu 100 000 baguettes (ça fait un paquet de mouillettes mais bon). Coup de bol, Raymond est tout seul sur trois villages au milieu de la campagne, il vend ses 500 baguettes à la journée, il est content, sa banque aussi, c'est la teuf!

Raymond, 60 piges passés aimerait bien vendre son activité, pour aller en vacances à Amsterdam histoire de visiter le quartier rouge et de satisfaire son envie de tester des champi, avant de définitivement paisibler dans un canapé confortable en Auvergne.

Paul est boulanger lui aussi, il aimerait bien s'installer à son compte. Seulement voilà, il y a cinq ans une loi est passé pour instaurer de nouvelles normes, pour protéger les boulangers, leurs clients et aussi cinq petits chatons très mignons qui était devant le parlement. Le législateur a dit à Raymond: "T'inquiètes, toi tu payes rien! Tu peux bosser comme avant, la mise aux normes sera pour le reprenneur!", le législateur est pas con, et comme il a pas envie d'avoir tous les Raymonds du pays sur le dos, il a calculé son coup. Du coup pour Paul, il faut compter la charge d'un four, plus une mise au norme qui, en supposant un nouveau crédit fictionnel de la banque, lui couterait dans les 7 000 € par an. Seulement voilà, a moins de se taper toutes les femmes fécondes du village pour espérer augmenter la conso de pain (et les divorces) il ne pourra pas gagner sa vie. Du coup Paul il se dit que comme il est gay, bah au final, il va peut-être aussi devoir être chômeur.

On entend souvent dire que la grande distribution tue le petit commerce, mais, si on écoute avec attention, il est plus probable qu'elle soit bien moins efficace que l'état.

Tous les règlements ont un coût: il faut s'informer pour les connaître, éventuellement d'adapter à eux et parfois produire des documents prouvant le respect du droit. Ils n'ont pour la plus part aucune valeur ajoutée économique et ne sont donc que des charges fixes se rajoutant sur les entreprises. Plus les charges fixes sont élevées, plus les économies d'échelles existent, plus les grosses entreprises peuvent survivre quand les petites disparaissent. Plus les petites disparaissent plus le consommateur est confronté à des situations favorisant les monopoles ou les oligopoles.


jeudi 2 mai 2013

Choc de simplification et hilarantes hallucinations

"Choc de simplification" c'était déjà il y a quelques semaines mais quel fou rire mes amis. François Hollande veut redresser la France par un choc de simplification.

Un choc de simplification qu'il faut soumettre à un électrochoc de réalisme.

La France a-t-elle besoin de simplification ?

Si la réponse qui semble évidente est oui, je pense qu'il est cependant important de réfléchir au pourquoi celà semble si évident. A froid quelques symptômes du problèmes qui nous occupe :
  • Le nombre de réglements/codes/arrêtés/chartes différents. On pourrait attendre d'un citoyen éclairé qu'il connaisse le droit auquel il est censé se soumettre, chose aujourd'hui impossible même pour un professionnel.
  • Le nombre de taxes, impôts, abbatements, éxonération, aides, subventions qui sont plus ou moins lié au constat précédent. Ceci est symptomatique car le problème des flux financiers est un problème simple par nature. Ce système se résume pour chaque français par: "on m'a pris/donné X% (ou X€)", cette phrase n'est même pas une approximation grossière du problème, c'est la seul réalité résultante d'un système redistributif / incitatif / fiscal (le nom importe peu).
  • Le nombre d'instances publiques différentes, il famoso mille feuilles administratif qu'il est célèbre de l'Auvergne au Cotentin. Etat, ministère, région, département, canton, mairie, arrondissement, j'en oublie probablement encore. Toutes ces instances ont des sources de financement à peu près claires, des pouvoirs en matière d'interdiction / réglementation qui atteignent déjà des niveau de nuisances impressionnants. Cependant je pense que le summum est atteint lorsque l'on commence à parler des politiques d'aides ou de subventions. Pour résumer chaque couche du millefeuille est pourvu d'une béchamelle bien dense de fonctionnaires occupés à gérer une paperasse colossale. Paperasse créée par eux-mêmes dont on se demande si c'est bien elle qui a besoin d'eux ou eux qui ont besoin d'elle. Chaque couche essaye d'être meilleur que la précédente, faisant un usage savant d'un sel et d'un poivre de subventions censés relever le plat ; mais les invididus, consommateurs finaux, se retrouvent bien finauds devant un met à la fois très cher et relativement infecte. Un repas qui ressemble encore énormément à la merde servis aux touristes dans les mauvais restaurants de Paris. La vision française de la décentralisation a été de créer une armée de microétats, de démultiplier les frais fixes, sans clairement définir de fonction ; ceci ne manquant pas de produite une valeur ajoutée nulle, voire négative, pour le citoyen. Si je dis négative c'est parce que chaque instance se sans obligé de se justifier d'exister, à la bonne dose de nationalisme idée que nous voyons partout, il faut ajouter l'abrutissement créé par ces régions, villes et départements en quête d'une identité.

François Hollande est-il la bonne personne pour initier la chose ?

Quand notre ami joufflu vient proposer de changer le monde, il faut prendre un peu de recul quand à l'analyse de la chose. C'est un jovial, socialiste, énarque, persuadé que le monde l'a attendu, lui et les siens, pour commencer à tourner. Il a écumé les postes dans cette industrie du parasitage, et aujourd'hui le voici qui débarque, fleur au fusil, lâchant deux ou trois mots obscurs.

Bien chanceux ou naïfs sont ceux qui peuvent encore croire qu'il va venir sauver le pays d'un grand mal que nous avons tous sous les yeux. Les promesses n'engagent que ceux qui les croient et dans le sens qu'ils y mettent. Je ne suis pas sûr que M. Hollande ait l'humilité de voir la même réalité que moi tout simplement parce que selon celle-ci, le fond du problème c'est un peu son fond de commerce. Par ailleurs, est-il déjà bien conscient qu'il y a un problème ?

C'est que, voyez-vous, je suis persuadé que je rentrerais sans soucis dans ses pantalons, mais je vais essayer de rentrer dans ses chaussures, étape plus délicate.

Son entourage est du même milieu que lui ; les plus diversifiés sont, meilleure des hypothèses, journalistes ou cadres dirigeants dans des entreprises publiques françaises (des administrations quoi)... Les contacts de ces gens avec la réalité se résument des sondages BVA, des statistiques de l'INSEE et à deux poignées de main sur les marchés pendant les campagnes (voir des vieux) et en visite spéciale quand une usine ferme (voir des pauvres).

Disons-le, il est probable que cette vision du politique cynique et éclairé ne dissimule pas des gens aussi clairvoyants que l'on pourrait l'espérer. Théorie du complot mise à part, il ne serait pas non plus impossible qu'ils croient aux inepties qu'ils racontent.

Est-ce que c'est simple à mettre en place ?

En admettant que la démarche soit réelle et supportée par la caste politique. Il y a deux gains possibles pour l'économie du pays : la diminution des freins à l'économie et la diminution de la charge de l'Etat. Si nous avions un état simplifié, il est clair qu'à moyen terme cela permettrait à beaucoup d'acteurs de l'économie d'avancer en environnement moins incertain avec des coûts d'actions plus faibles (moins de normes, moins de paperasses, moins de démarches). Ca ok. Mais, et c'est un "big" mais, quid de la diminution de la charge de l'état ?

Ce temps disponible dans les administrations publiques, on en fait quoi ? Les règles de bonne gestion diraient de réallouer quelques ressources aux missions de l'état en manque de ressource, mais, dans une majorité des cas, il faudrait diminuer la masse des travailleurs administratifs. Et ça, statut bizarre du fonctionnaire oblige, on ne peut pas le faire. Ceci irait complètement à l'envers de la "stratégie" (lol, "stratégie", on dirait presque qu'il y a du "contrôle" derrière ce mot) meneé par le gouvernement autour de l'emploi qui vise à horizon 2031 d'avoir plus de fonctionnaires que d'habitants sur le territoire.

Ayant résolu la question : "Qu'est-ce que foutent les fonctionnaires ?". Émergerait donc cette question trépidante : "Qu'est qu'on fout des fonctionnaires ?". Cette question, je ne suis pas sûr que l'on ait envie d'y répondre dans le monde politique français.

Est-ce que la simplification est souhaité?

Vous avez déjà vu ces poissons qui suivent les requins pour consommer les parasites qui gravitent autour d'eux ? Ces poissons existent dans l'économie, ils ont différentes formes. Vous êtes des consommateurs d'un grand show télé, quand une nouvelle réglementation bancaire visant "à pourfendre le trading haute fréquence", "écraser les abus de la finance", "faire disparaitre les paradis fiscaux" ou encore "sauver Willy" arrive sur vos écrans, il se passe plein de choses.

Premièrement rassurez-vous, rien de ne change, les acteurs ne sont pas vraiment morts. Les banques vont faire joujous dans un autre pays du monde, l'important c'est juste que Navarro ait encore brillamment vaincu le crime. Seulement, il faut le réaliser le feuilleton, il faut que la fiction tienne un peu, alors on créé de nouvelles normes de contrôle, de la nouvelle paperasse à produire pour prouver que "y'a pu les méchants". Cette paperasse incommensurable est gérée par des gens qui revêtent pour l'occasion le titre mégamasturbatoire de consultants.

Et oui, gérer les problèmes créés de toute pièces par l'état c'est un secteur entier de notre économie. Ca occupe un grand nombre de juristes, de comptables, de RH, de conseillers consultans. Ces gens-là ne sont pas méchants ou malhonnêtes, ils gagnent juste leur vie sur la complexité. Supprimez la complexité, ils précéderont de très loin nos amis les fonctionnaires chez l'ami Paul Emploi.

Il existe aujourd'hui également énormément de professions qui se sont adaptées à cette complexité. Le taxi qui a payé sa licence le prix d'un logement, ne sera pas content de voir la valeur de celle-ci s'envoler. Le boulanger qui a pris un crédit sur 15 ans pour se mettre aux sacrosaintes normes ne sera pas forcément heureux de voir son concurrent s'installer en face de lui pour trois fois rien.







La complexité de l'état est un boulet pour l'économie, pour les entreprises, pour les individus et pour l'état lui-même ; mais aujourd'hui l'économie, les entreprises, les individus et l'état se sont adaptés à cette complexité et sont orientés pour vivre avec cette complexité. La supprimer serait une bonne chose à long terme, mais générerait énormément d'externalités négatives à cout terme, simple constat.

La commission Théodule chargée de la chose est-elle à même d'arriver à ses fins ?

On a dû nommer quelqu'un de très intelligent pour prendre en main le projet et lister les lois inutiles. Mais les lois inutiles au sens strictes sont déjà ignorées par tous, elles n'apporteront rien. Pour celle qui sont contreproductives ou moyennement utiles, il y aura à chaque occasion de choix une armée de raisons de maintenir le status quo et donc l'innefficience du système.

Il serait miraculeux de voir autant de politiques se voir faire preuve de courage en allant à l'encontre de l'intérêt de tant de corporations.


jeudi 7 mars 2013

Nous ne sommes pas en démocratie : le "détail" de la sécurité sociale

Vous l'avez peut-être remarqué, j'ai eu une révélation : les titres racoleurs ramènent plus de lecteurs. Il parait même qui si je le fais assez longtemps j'aurais un poste de journaliste.

Il y a quelques un patron américain écrivait des mots, assez réalistes à mon goût, expliquant que les syndicats (du crime ?) français tenaient plus de parasites gastriques que de réels représentants de qui que ce soit.

La France tient le record du plus faible taux de syndiqués des pays de l'OCDE avec 7 à 8% des travailleurs en moyenne. Les syndicats ouvriers français sont, la plus part du temps, des caricatures d'extrême gauche dont le pathétisme peine à être contrebalancé par le corporatisme abruti du MEDEF. Si ce point est relativement connu, je pense qu'il est amusant de le mettre en parallèle avec un autre.

La sécurité sociale est principalement gérée par les syndicats (si vous disposez de sources un peu plus construites je prend), son budget représentait en 2011 1/4 du PIB de la France. Au delà du coût complètement astronomique de ce système, si l'on peut critiquer l'aspect démocratique des organes législatifs et éxecutifs français, la direction de la Foire à Tout de l'Etat Providence mérite quand même une palme.

La France c'est 43 millions d'électeurs, une population de 27,4 millions d'actifs, et donc environ 2 millions de syndiqués (entre 7 et 8 %). Ceci nous fait 4,6 % des électeurs qui régissent la gestion de 25% des ressources du pays, et, au passage une grande partie de sa dette. Je vous laisse méditer sur le sujet.


samedi 2 février 2013

Vendre la liberté

Comme beaucoup de libéraux je suis libéral avant tout parce que j'y "crois" (je serais même tenté de dire sur certains points parce que je "sais"), mais au-delà des raisons qui me motivent je suis conscient qu'avancé vers un monde libéral et respectueux des libertés ne se fait pas en marmonnant dans son coin. Un des moyens les plus sûr de faire changer la société est de convaincre ses membres qu'elle doit changer. Je suis donc seul, assis dans ma cuisine et je me demande en pianotant sur ce clavier : qu'est-ce qui pourrait nous permettre de vendre le libéralisme ?

Parmi les choses qui font indéniablement vendre on peut noter l'évident usage de l'érotisme, qu'il s'agisse d'homme ou de femme, nous pouvons être tentés de produire des contenus rendant le libéralisme sexy. Fournissons une équipe de 12 libertarian hotties à H16 et commandons lui un calendrier moitié nu / moitié masque à gaz approuvé par notre blogueur préféré avec son petit mot associé à chaque mois. Une sorte de remake de l'hexagone de Renaud.


D'autres défendent en revanche que c'est la répétition qui fait l'impact de la publicité et des opérations de communication, en ce sens on ne peut pas nier le mérite de l'équipe de Contrepoints qui peu à peu devient un média de poids. Dans le microcosme de mon Facebook, il y a cinq ans j'étais la seul ingénue à diffuser des news et des articles un peu à contrepied de l'amour de l'Etat-providence, j'ai arrêté mais c'est maintenant régulièrement que d'autres personnes ont pris le relais. Mon réseau a évolué ? Pas si sûr, Nicolas Sarkozy et son digne successeur François Hollande en dégoutent plus d'un. Les chiffres en matière de visite de Contrepoints sont là pour confirmer c'est un mouvement qui se fait comme une lâme de fond. La force de Contrepoints c'est peut-être aussi d'avoir réussi à casser un petit peu les frontières du monde des libéraux pour aller se faire lire par le français moyen.

L'espoir est aussi une valeur qui fait vendre, c'est l'approche Alain Madelin, c'est l'approche de beaucoup d'autres. J'ai mes petites conviction d'économie, je sais aussi que la croissance ne se décrète pas et très honnêtement quand j'entends un discours qui vient m'expliquer comment résorber complètement le chômage, je n'écoute déjà plus que d'une oreille car je sais que le chômage disparaitra avant le retour du messie. Etre libertarien est une position de principe généralement, on voit un grand nombre de bonne raison de demander plus de liberté à l'échelle sociétale, parler d'un nouveau nirvana est pour moi cependant purement communicationnel. Je pense que l'on doit à tous prix se préserver de jouer nous aussi au jeu des promesses intenables.

Parmi les grandes questions qui agitent généralement les discussions dans ceux qui prennent leur courage à deux mains et font de la politique il y a généralement le point des alliances ? Plus largement, j'aurais tendance à dire, doit-on jouer le jeu de la parodie démocratique docile ? Le PLD fait ami-ami avec le MODEM, le parti français le plus proche de la pensée libéral, c'est vrai. Le Portugal est peut-être le pays européen le plus proche de l'Argentine, il en reste assez éloigné. Quand à discuter des libéraux de l'UMP, l'expression par elle-même me fait sourire. Aller défendre les libertés avec les carriéristes de l'interventionnisme qui signent des alliances avec le parti communiste chinois c'est assez cocasse et très certainement contreproductif. Ca permet d'être élu, oui, mais à quel prix ? Est-ce que cela vaut quelque chose d'être élu pour avoir les mains liés ? De surcroit, on ressort avec une robe bien moins blanche quand on est allé se trainer dans la merde. Ce point des alliances politico politiciennes fait débat, je pense que le compromis est nécessaire, y mettre des limites également. L'absence de principe conduit à un estompement des limites des idées et floute les électeurs.

J'en vois beaucoup qui pratiquent le jeu étrange de la critique à tout va qu'elle soit fondée ou non. A défaut d'avoir un avis sur le jeu de alliance, le jeu du vomis systématique me semble franchement malsain. J'ai vu passer récemment sur les twitter de quelques libéraux une vidéo atterrante pointant du toi le tracking des utilisateurs par les régies publicitaires de Rue89. J'ai du mal à voir jusqu'où il faut s'abaisser pour reprendre l'argumentaire de base anti-marketing, anti-pub, anti-argent pour aller démonter un site qui ne partage pas nos idées. Qu'a-t-on comme valeur à proposer si au final on se retrouve à se prostituer à la moindre occasion au prétexte de simplement marquer des points ?

L'attente est aussi un point dont je discute souvent. L'optimisme de principe est contreproductif et dire que le pellos moyen a le cerveau complètement disfonctionnel est à la limite de l'euphémisme. Dès que quelqu'un a quelque chose à vous proposer en politique il veut interdire quelque chose ou mettre une taxe. Ca en presque trivial à dénigrer. Jean-Luc Mélenchon fait des meetings avec des slogans aussi cons qu'"à bas l'austérité", les uns et les autres "votent la croissance". Côté invocation chacun y met du sien. La seule chose qui nous sépare du fond du gouffre c'est quelques années. Le temps passant, j'ai la bizarre impression que pour que le monde change il faut que les gens aient faim. Le printemps arabe a été simplement la conséquence de la hausse des matières premières, elle même conséquence de la hype "biocarburant", elle-même conséquence des taxes sur le carburant. Rien n'est venu pas d'un besoin de liberté soudain, c'est jusque que tant qu'à aller renverser un régime pour gratter un peu à bouffer, on passe à l'étape suivante facilement.

Jules César disait dans la guerre des Gaules que l'on apprend que de ses défaites, tant qu'on se loge et que l'on mange on gagne peut-être encore trop pour que le besoin de raisonner dans la réalité se fasse sentir. En se sens François Hollande est un président intéressant pour la France, c'est un peu l'euthanasie appliquée à l'échelle d'un pays.

Bref, je n'ai pas de réponse magique à vous vendre, mais je pense que la question du comment convaincre, comment changer est peut-être aussi importante que les réflexions de fond que l'on s'offre généralement.


jeudi 10 janvier 2013

Et si on reparlait de l'Etat-providence français

L'objet de cet article est de mettre les pratiques françaises en matière d'Etat-providence à l'aune de la réalité.

L'Etat-providence a pour idée générale de venir servir les individus en leur garantissant un certain nombre de droits positifs, c'est-à-dire de droits créés par l'homme plus qu'issus d'une notion de droit découlant des règles de la nature. Généralement ces droits ne sont pas des libertés affirmées, mais des "droits à quelque chose", comme le droit au logement. Nous considérerons le "droit à une santé gratuite" et le "droit à un revenu minimum".

Commençons par le "droit à une santé gratuite". La raison qui fait que personne ne quitte la France. La chose qui fait que dès que tu croises quelqu'un qui vit à l'étranger et qu'il te dit qu'il y est bien, tu te dois un : "oui, ok, mais la santé là-bas". L'argument suprême face à n'importe quelle contradiction sur le taux de prélèvements obligatoires du pays : "oui, mais bon, tu vois aux Etats-Unis ils ont moins d'impôt, mais si tu n'as pas d'argent tu crève dans la rue".

Notre sécurité sociale, fait des envieux dans le monde entier. Qui ne rêve pas aujourd'hui d'une santé à deux vitesses entre privé et public ? Qui ne rêve pas, de ces quelques centaines d'euros qui partent chaque mois à différentes lignes de sa fiche de paye ? Le financement de la santé "gratuite" de la France est structurée autour d'un bordel monstrueux. D'une part des acteurs publique, comme la caisse primaire d'assurance maladie (CPAM), le RSI ou encore la CMU pour les plus démunis. D'autre part une myriade d'acteurs privés, des mutuelles principalement, qui viennent combler les trous de la coque de ce fier navire qu'est la sécurité sociale. Quand on y réfléchit bien, l'existence même de mutuelles privées est le symptôme le plus criant de l'échec de cette santé gratuite, universelle et de qualité. Si tu as besoin d'une mutuelle pour te payer tes soins, on est bien d'accord que la sécurité sociale ne couvre pas tes besoins à elle seule ?

Dans la même veine, on a souvent en tête que la sécurité sociale est un acquis en France. C'est faux. L'individu peut se retrouver hors de cases de l'administration s'il n'y prend pas garde, même s'il y a effectivement des entités pour couvrir ceux qui n'ont droit à rien (CMU), il n'y a aucun automatisme. Le joli système qui prend soin de ta vie sous réserve que tu paye ton CERFA. Notons également au passage que les gentils formulaires à remplir contiennent des cases te demandant des choses, par exemple : si tu acceptes de respecter toutes les normes nationales qui font de l'aide publique quelque chose d'acceptables. Donc, en fait, sous réserve de ta promesse de chercher à travailler à tous prix, tu as ta "sécurité de la santé".

Benjamin Franklin te l'a dit pour tant : "Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux.". Tout est plus ou moins fait pour que tu ne rentres pas dans les dites cases, et j'aurais peine à voir la froideur de l'administration devant la brebis galeuse marchant en dehors des cases ? "Désolé Monsieur, la France est un très joli pays, mais votre survis nous coûte trop cher".

Autre élément qui fut un des cinq piliers de l'Etat-providence français le chômage... Quand je pose la question : "Pourquoi rendre obligatoire la cotisation à une assurance chômage ?". On me répond qu'il s'agit d'une responsabilité qu'on ne peut laisser aux individus. L'Etat s'occupe pour eux de "penser à épargner" et leur fournit une continuité dans leur revenu en cas d'interruption d'activité. Cet angle de vue exclu certains éléments : en plus de n'offrir le choix à personne ce n'est pas un système d'assurance standard. Vous avez oublié de lire la petite étoile en bas à droite de votre contrat social. La petite étoile dit que ce système, en plus de vous ôtez la liberté de disposer de votre argent comme vous l'entendez, vous retire d'autres libertés.

Le chômage ne t'est pas accessible si jamais tu quittes ton emploi de ton propre chef. Le monopole de la rupture acceptable de votre contrat de travail est laissé entre les mains de ton employeur.

Le chômage t'est également retiré si jamais vous décider d'aller chercher fortune à l'étranger (sauf arrangement locaux).

Le chômage t'est également retiré pour vérification de leur part ou oublie de tes obligations administratives.

Ainsi deux questions importantes :
  • Autour de la santé : est-il raisonnable que l'Etat se donne à charge tant de missions alors qu'il a déjà bien du mal à assumer ce qui fait partie du régalien (sécurité, justice) ?
  • Autour du chômage : est-il raisonnable que l'Etat prenne pour devoir de mettre en place un système vicieux et inutile quand les assurances traditionnelles privées en sont au moins autant capables ?
Illustration piquée chez Jean-Felix Brouet


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