mardi 28 juin 2011

Internet, les systèmes distribués, le Minitel et le Cloud

Internet, le Minitel, Internet ce n'est pas le Minitel avec les couleurs en plus. La différence entre les deux systèmes est plus fondamentale, liée à la structure des réseaux.

Conceptuellement le Minitel est beaucoup plus simple, c'est un service auquel les gens se connectent et accèdent à différent contenu structuré en rubrique voir sous-service. Le système est centralisé par conception, il ne tourne que sur un seul point accès énorme, ce que l'on peut visualiser comme le centre d'une structure en étoile. Un seul serveur actif au centre et les connexions des utilisateurs ayant pour seul terminaison ce serveur.

Avec Internet la logique est complètement différente, chaque machine est connectée au réseau, réseau qui n'existe que par les connexions de machines sans entités centrales pour régir les interactions ou les échanges. Ainsi sur ce réseau chaque machine peut-être un serveur et donc un point de terminaison des connexions. En d'autre terme tout le monde peut héberger son propre contenu. C'était quelque chose d'assez flagrant à la première époque de l'internet et de nos vieux modems, notre machine, une fois connectée était accessible de l'extérieur très facilement, c'est désormais beaucoup moins clair avec les box.

Internet est un réseau quasiment conçu pour la fiabilité (dans le sens ou la première des fonctionnalités d'un réseau est de permettre de relier). Ainsi il est très difficile de couper ce réseau, car le retrait d'une machine ou d'une connexion sur ce réseau n'a des conséquences qu'à une échelle locale. A contrario, pour rendre inopérant un système centralisé il vous suffit de coupe le nœud central.

Dans un Minitel, le premier contenu pouvant poser problème est supprimé sans soucis à l'échelle du serveur centrale. Sur Internet couper l'accès à un contenu signifie soit couper cette machine soit en couper toute les connexions, la tâche est beaucoup plus ardue.

Vous entendez certainement souvent parler de cloud computing en ce moment, le concept c'est que vos données/votre service ne sont plus chez vous, mais chez un tiers, un fournisseur de service qui s'occupe de vous les conserver. Derrière cette idée de Cloud se cache une problématique beaucoup plus importante : celle d'un retour à un système type Minitel, le jour où un Facebook centralise vos photos de soirée, vos amis, votre vie sociale. On revient à la même facilité quand il s'agit de censurer ou de couper l'accès à tout cela. Idem quand votre boite mail et vos documents vivent chez Google. Le cloud computing tend à faciliter l'avènement d'une ère qui pourrait être celle d'un Minitel 2.0. Ca signifie que vos données sont beaucoup plus facilement débranchables et contrôlables.

Vous êtes intéressé par cette idée de Minitel 2.0 ? Elle est développée sur le site de la FDN (vidéo d'une heure)
L'illustration vient d'ici


vendredi 24 juin 2011

Z'emplois

Fréquentant de manière plus ou moins proche le milieu de la création d'entreprise et de l'entrepreneuriat, il y a un discours qui a tendance à m'écorcher les neurones quand il vient chanter dans mes oreilles. Ce discours, je l'entends dans la bouche de créateurs d'entreprise :


_«Voilà. Moi idéalement, j'aimerais monter un business qui marche pour pouvoir créer des z'emplois.»


_«Z'emplois dites-vous ?»


_«Oh, oui, c'est ce qui me motive le plus pouvoir : fournir du travail aux autres. Z'emplois quoi !»

C'est donc dit : Madame ou Monsieur a un grand coeur. Merci Madame, merci Monsieur, on se revoit après votre faillite.


Les deux ou trois politiciens qui ont pour but de faire croire que l'économie vit grâce à leurs subventions peuvent s'auto-congratuler. Ils ont bien réussi à faire comprendre que leur principal plaisir était la création d'emploi, celle-ci présentant deux avantages majeurs :
  1. C'est un très bon point que d'indiquer une croissance d'emploi sur le plan politique avant une élection, c'est un peu comme du Prozac pour les électeurs ;
  2. C'est encore ce que l'on fait de mieux pour extraire l'argent de l'entreprise sous forme de taxe. Le travail étant taxé à pratiquement 50% avant sa sortie de l'entreprise ; les revenus qui en sortent étant eux-même utilisés pour payer encore TVA et autres impôts locaux et sur le revenu.
Si ton fantasme c'est juste de te dire que toi aussi tu as pu apporter ton quota de smicards au pays, on fait plus simple : «rejoins la CFDT et attaques toi aux caisses automatiques».


Mon avis personnel sur la question est relativement simple.

Ce petit fantasme de la création de z'emplois est le symptôme d'un biais idéologique qui est devenu un biais culturel. Un biais qui fait croire que le principal problème économique du pays est le taux de chômage, croyance qui pose le travail en finalité, hors le travail n'est pas une finalité, c'est un outil, un moyen mis en place dans l'objectif d'une création de valeur.

Naturellement la création de valeur est souvent synonyme d'enrichissement ; chose immonde, puisque personne n'envisage que la richesse puisse se créer, elle se vole.

«Si je créé de la valeur, en réalité je la prends à quelqu'un. La création d'emploi, même inutile, c'est redistribuer ce qui a été pris. »

Le petit problème, c'est que ceci induit que l'enrichissement est vécu comme un crime, l'entrepreneuriat devient une volonté de passer du côté des spoliateurs.

Seulement voilà, le monde évolue, les hommes qui le peuplent également, leur besoin tout autant et une économie figée, incapable de se repensée car exempte d'individus motivés pour créer plus et créer mieux est vouée à l'échec.

Citation extraite du film Wall Street :

«Greed, for lack of a better word, is good. Greed is right. Greed works. Greed clarifies, cuts through, and captures, the essence of the evolutionary spirit. Greed, in all of its forms; greed for life, for money, for love, knowledge, has marked the upward surge of mankind[...].»

«La cupidité, par manque d'un mot plus juste, est bonne. La cupidité est juste. La cupidité fonctionne, elle descend et capture l'essence de l'esprit évolutionniste. La cupidité, dans toutes ses formes, la soif de vie, d'argent, d'amour, de savoir, a marqué l'élévation de l'humanité[...].»


lundi 20 juin 2011

Mitterrand et Marini, les M&Ms du moment

L'actualité fiscale est toujours riche en France, une belle illustration de ce que peuvent donner des esprits de frustrés dopés aux amphètes et sujets à l'euphorie du pouvoir.

Les blues brothers du moment sont le charismatique humaniste Frédéric Mitterrand ministre de la culture estampillée bonne-à-consommer et l'amical Philippe "je-regrette-vraiment-Zitrone" Marini. Pareillement à Laurel et Hardy, on ne peut apprécier pleinement leur tartufferie sans les voir réunis.

Frédéric, entre deux réunions d'états majors pour conquérir Internet, faisait part de ses préoccupations quand au projet d'intégrer les oeuvres d'arts dans le calcul de l'Impôt de Solidarité sur la Fortune. ISF fameuse Incitation à Sortir de France. "Ceci provoquerait une chute du marché de l'art", les analyses de cette pertinence me laissent à penser qu'il ne serait pas délirant que l'ont remette à tous les ministres un doctorat d'économie honoris hausa quand il apparait qu'ils auraient un début de compréhension des phénomènes d'offres et de demandes. Mitterrand illustre bien les préoccupations générales de la classe politique française : "Primum non nocere" ("d'abord ne pas nuire") étendu pour l'occasion à "Amicis primum non nocere" ("d'abord ne pas nuire aux amis"). Toute velléité de réforme se heurtant aux intérêts de ceux qui profitent du système actuel, ça se termine en : "faites le bruit que vous voulez, mais pitié, ne changez rien de significatif".

Cette approche pose de légers problèmes... Par exemple : "il manquerait un million de logement en France", ce qui contribue à des loyers et des prix élevés dans l'immobilier, on comprend bien que solutionner le problème en créerait un autre : la baisse des prix du marché de l'immobilier.

Etape masturbatoire ultime de l'exception culturelle française (ne cherchez pas trop loin, c'est un joli pour dire taxes & subventions) le capital investit dans des oeuvres d'art échappe à certaines taxes. Ni sur le plan moral, ni sur le plan économique je ne vois de justification du fait que l'état doive taxer plus 60 000 € en banque ou dans des actions que dans un Picasso... C'est presque une incitation au mauvais goût.

Philippe Marini prend au corps un autre problème.

Malheureusement, la France est un pays où l'on peut voir de nombreuses startups apparaitre. Ces startups sont un vrai cancer, elles ruinent la crédibilité du champion France Télécom dans le monde du numérique, elles créent de nouveaux médias qui nuisent à l'audience de France Télévision, elles créent des emplois qui nuisent à l'image de la toute puissance de l'industrie en matière d'emploi... Bref elles nuisent au renouveau de l'ambiance trente glorieuses, objectif central de l'action publique depuis la fin de celles-ci.

Merci donc à Philippe Marini, sénateur cumulard de son état, de rétablir quelque peu le doux rêve d'énarque qui berce nos nuits à tous en ayant l'idée formidable de la Taxe Google.

Philippe Marini connait bien le pouvoir de nuisance de Google, il a d'ailleurs basé son site sur Google Sites. Ainsi, il frappe fort, il frappe au coeur, il frappe donc Google, il a donc vaillamment frappé sur sa machine à écrire t-a-x-e- -G-o-o-g-l-e, se disant "voilà qui va être bien vu de taper sur une boite qui gagne sa vie honnêtement et respecte ses utilisateurs et clients, on aime pas ça en France"... Oubliant quelque peu ses intentions initiales, il a créé une taxe que paieront les annonceurs français sur leur publicité en ligne.

Merci M. Marini. Grâce à vous, les sociétés française auront désormais une balle dans le pied supplémentaire pour se développer, grâce à vous, il est fortement improbable à présent de voir des sociétés se développer en France sur la base d'un modèle publicitaire (comme les immondes Google & Facebook).

Il n'est pas beau ce couple d'individus, l'un protégeant l'existant, l'autre étouffant le futur ? Le conservatisme new age.

Dans quelques mois les Pieds Nickelés et leurs amis viendront vous raconter que c'est à eux qu'il faut confier le pouvoir, ils savent faire des réformes !

Messieurs, vous collez des rustines pour colmater des fissures sur les vitres d'un navire pour empêcher la pluie de s'infiltrer. Pendant ce temps des trous béants laissent rentrer l'eau par torrent dans la coque, ceci ne vous inquiète pas car vous avez parié il y a 30 ans que celle-ci était incassable.


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