L'économie peut-être parfois vue comme un jeu subtil dont les rouages semblent inintelligibles jusqu'à ce que l'on puisse observer une situation a posteriori.
Un des exemples parlant qui me vient à l'esprit est l'explosion des applications sur mobile. Avant l'iPhone tout était pratiquement là : des appareils suffisamment puissants, de surcroit connectés, des outils de développement existant sur des technologies répandues.
Ils manquaient plusieurs choses mais qui à l'époque ne signifieraient rien : de la qualité pour l'utilisateur. Pourquoi améliorer l'expérience utilisateur dans les applications et sur le web si les utilisateurs ne s'en servent pas. Arrêtons nos considérations ici le serpent pourrait se manger la queue.
Apple a offert aux utilisateurs une navigation de qualité et des applications propres et surtout simples à installer. Sur le fond, aucune avancé technologique majeure n'a été effectué, l'avancé était de rendre la technologie transparente et orientée vers un usage.
Toutes ces applications qu'elles soient sur mobile ou de plus communes applications web souffrent d'une faiblesse qui vient de leur plus grande force : la connectivité. En effet la connectivité consomme de la bande passante et demande que l'utilisateur ait accès au réseau. Tout ce monde d'innovation a une épée de Damoclès au-dessus de sa tête : le réseau et ses contraintes.
Les opérateurs fournissant le réseau sont arrivés à un stade où leur capacité à créer de la valeur est en train de s'effondrer. Le produit qu'ils fournissent n'est plus un produit fini, c'est un produit intermédiaire "avoir le téléphone" n'est plus une finalité de premier rang, s'y sont substituer "lire ses emails", "consulter wikipedia" et "se connecter sur Skype" pour lesquels le raccordement à un réseau est une condition nécessaire mais pas suffisante. Innover pour eux ne signifie pas toucher de nouveaux marchés, mais faire plus vite et moins cher. "Produire moins cher" a le gros défaut de signifier également à marge réduite. Oubliez la Orange TV, l'octuple play et autres consoles incorporées dans une box, ce ne sont que des symptômes du présent propos : des tentatives de repenser un métier qui s’essouffle.
Les opérateurs ne vivent encore correctement que parce que le service qu'ils produisent s'appuie sur des investissements colossaux et freine donc l'arrivée de nouveaux entrants et par là l'intensité concurrentielle. Le réseau français est saturé ? C'est catastrophique pour ceux qui souhaitent s'appuyer dessus, mais ça permet de justifier des prix élevés. Désaturer le réseau, c'est une solution inintéressante, car les opérateurs savent bien qu'ils ne vendront pas plus de nouveaux forfaits en baissant les prix.
Le taux d'équipements des ménages est à 100% pour le mobiles, personne ne veut se passer de son mobile. Ce que gagne un opérateur il le prend soit à un autre, soit à une autre industrie en diminuant la part de budget restant au consommateur, aucun incitation à la baisse de coût n'est visible. Si l'industrie s'entend correctement sur les tarifs alors pourquoi baisser les prix ? Diviser le prix de l'abonnement internet par deux n'augmentera pas d'un iota le nombre desdits abonnements.
Ce frein à l'innovation est déjà palpable. Notre cher et tendre fleuron France Telecom est un des premiers acteurs du marché africain où l'on essaye d'interdire au mieux la VOIP de peur certainement de ne plus vendre de minute de communication à des prix exhorbitant... une version malgâche de l'internet par Orange certainement. Le PDG de France Telecom, quasi filiale du ministère de l'économie fait usage de sa charge pour défendre a mainte reprise la non neutralité du net.
Petite question si vous avez suivi quelque peu : comment lancerez vous le service de demain si la moitié de vos utilisateurs potentiels ne peuvent pas l'utiliser ? Les levées de fonds en France devront-elles servir à financer un achat de droit pour une entrée dans un France Telecom World quelconque ?
Au milieu de celà, il faut considérer que si les opérateurs n'avancent pas d'eux-mêmes ce sont les géants du web qui abattront ce mur anti-innovation. Si personne ne veut donner à leur client un accès de qualité à leur service, ils le donneront eux-mêmes.
Illustration prise ici
Très juste.
RépondreSupprimerRien à voir avec ton post mais en parlant de bande passante, je te rappelle que toi et moi sommes les premiers "gâcheurs de bande passante à 6m linéaire!"
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