Suite à l'article que j'avais écris à propos d'un "débat" organisé par Réforme et Modernité, M. Mariton m'avait proposé, par proxy humain interposé (comprendre secrétaire), une rencontre. Nous nous sommes donc vu vendredi dernier pas loin de l'Assemblée Nationale.
Etant arrivé quelque peu en avance j'ai pu observer autour de moi, ces fameuses forces de police qui protège le peuple et surtout ses représentants. Pour vous dire, j'ai presque hésité à m'asseoir sur un banc de peur que ça ne paresse trop subversif. Naturellement, ils ont des uniformes et des poinçonneuses à êtres humains, mais vu la fréquentation du quartier on leur a gentiment demandé de laisser de côté le carnet à PV.
Cette observation bouclée, le temps avait rattrapé mon avance et j'ai donc retrouvé M. Mariton. Je vous passe la description physique du personnage, Google Image vous dépanne en cas de soucis. Nous avons donc commencé par nous présenter mutuellement, enfin surtout moi question de notoriété initiale. Nous avons ensuite attaqué la discussion plus politique a proprement parlé.
Avant d'aller plus loin, je dois quand même reconnaître un certain mérite de part la démarche qui a été suivie, je trouve cela assez sain d'être ouvert au débat et ce tête à tête a pu être l'occasion d'une confrontation d'idées assez agréable puisque il semble que ce soit illustré : on peut être député sans trop se la péter ! Je veux dire par là que c'est vraiment sympa de pouvoir parler avec quelqu'un plus de cinq minutes d'un sujet de désaccord sans qu'il prenne un air triste et désabusé pour vous dire : «tu comprendras quand tu seras plus vieux». Vendredi je n'ai eu le droit qu'à des arguments dont je peux discuter la validité, mais pas la nature.
En une heure, nous avons abordé beaucoup de points, mais malheureusement en une heure, on reste sur sa faim quant à l'heure développement quand on aborde la retraite par répartition, l'adoption par les couple homosexuels, la légitimité du mariage civil, les modalités de représentativité du peuple et que je m'aperçois après coup que j'aurais bien aimé en aborder d'autres comme la proposition de carte d'identité numérique présente dans un des rapports auquel a participé M. Mariton ou bien les problématiques de liberté sur Internet.
Le point qui a été je pense le plus intéressant du point de vue du développement était l'adoption par les homosexuels. Bien que libéral, Mariton reconnaît être plutôt conservateur sur les questions de société et donc il est opposé à l'adoption par des homosexuels. L'argumentaire sous-jacent étant axé sur deux points que j'espère ne pas trahir par ma formulation :
- Le droit de l'enfant à une bonne éducation et ce présupposé intuitif (préjugé ?) que celle donnée par des hétérosexuels serait meilleure ;
- Une notion de loi naturel qui ferait que les homosexuels ne doivent pas avoir d'enfants.
Du côté du second point, là encore, si on admet le concept de loi naturelle et de son usage pour penser la loi moins naturelle des hommes, il est clair que les homosexuels n'ont pas à avoir d'enfants car ils ne peuvent pas en faire. De la même manière, si un couple hétéro est stérile ou ne souhaite pas concevoir d'enfants, ils ne devraient pas non plus en avoir, et donc en suivant ce principe de loi naturelle, il faudrait interdire l'adoption à tous en fait. Puisque Darwin vous dira que ce soit par manque d'envie ou par incapacité physique vous ne pouvez pas avoir d'enfants, alors vous ne devez pas en adopter.
M. Mariton m'a fait remarquer par ailleurs que cet élément de "loi naturelle" est également celui qui peut être opposé à l'adoption par des célibataires, qui bien qu'étant aujourd'hui légale en France constituait une différence de traitement entre les célibataires et les homosexuels. Ainsi la logique voudrait que ce droit soit contesté sur les mêmes bases qu'il l'est aux homosexuels.
Je clos donc cet article en espérant que nous aurons un jour l'occasion de poursuivre un peu plus la discussion.
Le blog d'Hervé Mariton
C'est en effet un argument massue : si on interdit aux homos d'avoir des enfants, alors que faire des alcooliques, violents et autres mauvais parents ?
RépondreSupprimerCependant, en venir là, c'est admettre que les gays soient a priori de moins bons parents que les hétéros, ce qui est en soi scandaleux. C'est finalement faire le jeu des conservateurs (pour ne pas dire homophobes).
Je précise que qu'un homophobe n'est pas pour moi quelqu'un de méchant ou de méprisable. On peut avoir peur ou être dégoûté par les homos, les araignées ou le pudding. Mais on ne doit pas en faire le support d'une loi, surtout quand on est député !
Je suis d'accord avec toi sur les homophobes, je ne suis pas d'accord avec toi sur le biais induits par mes arguments. Je me contente de prendre pour acquis un des préjugés de mon interlocuteur (sur lequel il m'est difficile de l'attaquer) pour lui montrer les incohérences que cela engendre sur le reste de ses schémas de penser. C'est une démonstration par l'absurde en quelque sorte.
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il vaut mieux ça qu'aller au clash, ce qui ne fait rien avancer.
RépondreSupprimerC'est un article très intéressant! je suis d'accord avec toi sur le fait que l'on ne peut pas, de façon rationnelle, opposer "la loi naturelle" devant une demande d'adoption. Car l'adoption, dans tous les cas est une situation non naturelle, vis avis de la procréation. Même s'il s'agit d'un couple hétéro qui peut procréer, qui a des enfants et qui souhaite en adopter un en plus. il s'agit d'élever un enfant qui n'est pas enfant biologique des parents adoptifs.
RépondreSupprimerQuant à l'argument sur la capacité de donner "une bonne éducation à l'enfant" je trouve que la vie sexuelle des adultes n'a strictement rien à voire avec leur capacité ou non d'éduquer un enfant. D'autant plus qu'en situation d'adoption il s'agit de recueillir un enfant qui n'a pas de famille, pour une raison ou une autre, un enfant qui par ce fait est fragile. On n'a donc aucune raison rationnelle de supposer qu'un couple homosexuel serait une famille moins bonne pour l'enfant qu'un couple hétéro. C'est vrai que certains parent hétéros sont pires que tout et pourtant on ne leur interdit pas d'avoir des enfants.
Le problème le plus difficile à résoudre à mon avis est que le désir d'"avoir un enfant" n'est pas forcément corrélé avec la conscience des responsabilités réelles que cela impose. Et ce, quel que soit le contexte familial du couple. Dans le cas d'un adoption les administrations concernée se retrouvent, ni plus ni moins, à remplacer la nature qui habituellement décide d'accorder ou non satisfaction à ce désir d'enfants. La question est de savoir si une administration, aussi parfaite soit elle, est faite pour cela?