mardi 25 novembre 2008

Le gentil spéculateur

J'aimerais prendre la défense d'un des ennemis du jour, peut-être aussi parce que je m'y identifie. J'ai beau écouter BFM pendant au moins une heure par jour je ne me rappel pas avoir entendu un avis positif autour du spéculateur.

Définissons peut-être le terme dans un premier temps. Dans l'esprit populaire, le spéculateur est un investisseur investissant dans des actifs avec pour seul objectif de faire une plus-value à la revente.

Un des arguments les plus souvent employés à l'encontre des spéculateurs est leur non productivité. Celle-ci est de fait incontestable, ils ne produisent effectivement rien en prenant parti dans un marché. Le second argument est le fait qu'ils génèrent de part la nature même de leur activité des problèmes humains. Et oui nous avions presque déjà oublié les émeutes de la faim de début 2008.

Étudions d'abord le premier argument de la productivité... Incontestablement, il ne me semble pas que le spéculateur produise de biens matériels, c'est clair... Néanmoins il échange, et à travers cet échange il valorise le marché.

Je m'explique autour de la crise on entend souvent parler d'un problème de norme comptable. Cette norme veut que l'on valorise un actif au prix du marché... La cotation du marché se fait en fonction de l'offre et de la demande, si du jour au lendemain il n'y a plus de demande, on voit apparaître un défaut de contrepartie. Le vendeur ne trouve plus personne pour acheter son bien, celui-ci a donc une valeur nulle. Cette norme est critiquable puisque si demain vous n'arrivez pas à vendre votre maison, elle n'en reste pas moins présente et d'une valeur peut-être plus faible que vous ne l'estimez mais non nulle. Norme critiquable certes, mais justifiée aussi puisque la valeur effective d'une chose à un instant t est le prix qu'un acheteur est prêt à payer pour la posséder.

Si l'on imagine un marché avec uniquement quelques investisseurs : des actionnaires,des vrais qui choisissent une entreprise pour du long terme, etc... Les échanges seraient diminués de 90 %, et la valeur des actifs en serait affectée. Pourquoi ? Simplement parce qu'un acheteur constaterait de manière effective et évidente qu'il ne pourrait plus vendre son bien instantanément si besoin. Il achèterait donc un produit plus risqué, qui vaudrait donc moins.

Rapprochons nous de l'exemple des émeutes de la faim et de cette phrase "la spéculation c'est mal"...

Le marché c'est mal ? Est-ce que quelqu'un considère qu'un marteau dispose d'une quelconque notion de moral ? Réunissez un comité de marteaux autour de débat moraux tel l'avortement, ils vous répondront simplement qu'ils s'en tapent (pourrie comme jeu de mots ;) ). Le marché n'est qu'un outil fait pour donner accès à tout le monde à des échanges qui ont lieu de toute façon, il n'y a pas de valeur morale à attendre d'un outil. Sans le marché (financier) la spéculation sur le prix des matières premières ne serait faîtes que part les acteurs "métier" du marché (économique). L'intermédiaire qui, voit venir l'envolée des prix, pourra toujours négocier des quantité plus importantes pour stocker et revendre au mieux.

Je pense que l'on ne peut associer au marché (financier cette fois) qu'un effet amplificateur face à des problèmes économiques plus internes ; que ce soit de manière positive ou négative. Voir quelques arguments sur l'origine des émeutes de la faim.

Illustration : Frep


2 commentaires:

  1. Intéressante, ta théorie de la gentille spéculation. Il n'est pas facile de défendre l'ennemi public. Bravo!

    La spéculation est vielle comme le monde. Elle a trouvé dans les marchés financiers une forme nouvelle, plus abstraite, peut être, dématérialisée en quelque sorte. Et le regard négatif que La Morale porte sur le spéculateur n'est pas nouveau non plus. Ce n'est peut être pas seulement parce que le spéculateur n'est pas productif. Ce serait plutôt un reproche économique à lui faire. Du point de vue d'une certaine morale qui s'appuie entre autres sur la vertu du travail, le spéculateur est celui qui s'enrichit sans effort et au dépends des autres.

    Cette idée, très présente dans les esprits, donne des raisonnements faciles du genre: c'est à cause de la bourse qu'il n'y a plus rien à manger dans le monde. Je suis d'accord avec toi pour dire que le marché est un outil et que la spéculation y est une pièce parmi d'autres qui fait marcher le mécanisme.

    Que dire de celui qui l'utilise? Quelqu'un qui a un couteau à la main, est ce un cuisinier ou un tueur?

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  2. La critique par rapport au travail du spéculateur me parait facilement défendable : un spéculateur travaille a évolué ses futurs achats comme un grossiste le fait avec ses produits. Mais ta réflexion m'amène aussi à évoquer un sentiment humain qui est celui de la jalousie. Je comprend la frustration de voir finalement quelqu'un qui joue grandement avec la chance, réussir à gagner des sommes importantes.

    J'ai souvent fait le constat que les gens qui aimaient spéculer, aimaient également le poker et je pense qu'un parallèle intéressant peut-être construit.

    J'aime bien ton parallèle tueur / cuisinier, mais j'irais jusqu'à dire que même le pire des spéculateurs ne cherche pas à faire le mal. Il maximise seulement ses gains en théorie.

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