vendredi 24 juin 2011

Z'emplois

Fréquentant de manière plus ou moins proche le milieu de la création d'entreprise et de l'entrepreneuriat, il y a un discours qui a tendance à m'écorcher les neurones quand il vient chanter dans mes oreilles. Ce discours, je l'entends dans la bouche de créateurs d'entreprise :


_«Voilà. Moi idéalement, j'aimerais monter un business qui marche pour pouvoir créer des z'emplois.»


_«Z'emplois dites-vous ?»


_«Oh, oui, c'est ce qui me motive le plus pouvoir : fournir du travail aux autres. Z'emplois quoi !»

C'est donc dit : Madame ou Monsieur a un grand coeur. Merci Madame, merci Monsieur, on se revoit après votre faillite.


Les deux ou trois politiciens qui ont pour but de faire croire que l'économie vit grâce à leurs subventions peuvent s'auto-congratuler. Ils ont bien réussi à faire comprendre que leur principal plaisir était la création d'emploi, celle-ci présentant deux avantages majeurs :
  1. C'est un très bon point que d'indiquer une croissance d'emploi sur le plan politique avant une élection, c'est un peu comme du Prozac pour les électeurs ;
  2. C'est encore ce que l'on fait de mieux pour extraire l'argent de l'entreprise sous forme de taxe. Le travail étant taxé à pratiquement 50% avant sa sortie de l'entreprise ; les revenus qui en sortent étant eux-même utilisés pour payer encore TVA et autres impôts locaux et sur le revenu.
Si ton fantasme c'est juste de te dire que toi aussi tu as pu apporter ton quota de smicards au pays, on fait plus simple : «rejoins la CFDT et attaques toi aux caisses automatiques».


Mon avis personnel sur la question est relativement simple.

Ce petit fantasme de la création de z'emplois est le symptôme d'un biais idéologique qui est devenu un biais culturel. Un biais qui fait croire que le principal problème économique du pays est le taux de chômage, croyance qui pose le travail en finalité, hors le travail n'est pas une finalité, c'est un outil, un moyen mis en place dans l'objectif d'une création de valeur.

Naturellement la création de valeur est souvent synonyme d'enrichissement ; chose immonde, puisque personne n'envisage que la richesse puisse se créer, elle se vole.

«Si je créé de la valeur, en réalité je la prends à quelqu'un. La création d'emploi, même inutile, c'est redistribuer ce qui a été pris. »

Le petit problème, c'est que ceci induit que l'enrichissement est vécu comme un crime, l'entrepreneuriat devient une volonté de passer du côté des spoliateurs.

Seulement voilà, le monde évolue, les hommes qui le peuplent également, leur besoin tout autant et une économie figée, incapable de se repensée car exempte d'individus motivés pour créer plus et créer mieux est vouée à l'échec.

Citation extraite du film Wall Street :

«Greed, for lack of a better word, is good. Greed is right. Greed works. Greed clarifies, cuts through, and captures, the essence of the evolutionary spirit. Greed, in all of its forms; greed for life, for money, for love, knowledge, has marked the upward surge of mankind[...].»

«La cupidité, par manque d'un mot plus juste, est bonne. La cupidité est juste. La cupidité fonctionne, elle descend et capture l'essence de l'esprit évolutionniste. La cupidité, dans toutes ses formes, la soif de vie, d'argent, d'amour, de savoir, a marqué l'élévation de l'humanité[...].»


4 commentaires:

  1. Bel article. Pour prolonger, deux liens auxquels il m'a fait penser:
    - sur l'idéologie du travail
    - Vidéo sur la cupidité

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  2. Je n'ai pas lu les sophismes économiques, mais l'extrait que tu en donnes me donnes en vie de m'y pencher.

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  3. Une coquille, dernier paragraphe : bonne, pas conne ;-)

    Toujours un plaisir de te lire. Continue !

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