mardi 8 mai 2012

Diminution du temps de travail et développement de l'humanité : entre réalité et idéologie

Le début de ce billet est un échange dans lequel on m'a dit que Poutou avait pour projet très simple de diminuer le chômage avec une recette simple : tant que l'on a pas le plein emploi, on diminue le temps de travail. J'ai du mal à mettre la main sur une déclaration complète, quelques idées de fond qui s'en rapprochent c'est tout

De manière générale, on note que tous les discours autour de la diminution du temps de travail tendent à la justifier par l'idée de donner au salarié un confort supplémentaire, tout en créant des emplois. Quand on parle de diminution du temps de travail, on l'entend généralement à salaire égal. Ainsi même si la proposition ci-dessus n'était pas exactement celle proposée, elle exacerbe une idée que j'aimerais discuter ici.

J'aimerais donc vous structurer un peu plus cette idée :
  1. On manque d'emploi
  2. On diminue le temps de travail par salarié
  3. La quantité de travail à réaliser étant la même, on a besoin de plus de salarié pour la même activité
  4. Conclusion : on crée de l'emploi.
En dehors du fait que j'estime que l'état n'a pas à se préoccuper de combien de temps vous acceptez de travailler en échange de quel salaire, que ce doit être une affaire privée, je vous propose de nous pencher un peu sur une analyse économique de cette idée.

Penchons-nous simplement sur une autre compréhension du phénomène, peut-être plus proche d'une réalité économique. Oublions le concept éthéré et macro économique de chômage, regardons à l'échelle d'une entreprise :
  1. L'entreprise vend une certaine quantité de biens : Q, cette quantité est liée à la demande du marché et la compétitivité de l'entreprise.
  2. On diminue le temps de travail par salarié tout en maintenant les salaires.
  3. En conséquence, l'heure de travail coûte plus cher.
  4. L'entreprise, pour produire une même quantité, doit payer plus cher (car elle a besoin de plus  de salariés).
  5. Cette augmentation des coûts déclenche une augmentation des prix au niveau de l'entreprise
  6. L'entreprise vend désormais une quantité de produit Q', Q' étant inférieure à la quantité de départ Q, un marché consomme moins de produit, si le prix de ceux-ci augmentent.
  7. L'entreprise consomme donc moins de travail (en terme horaire) qu'auparavant et rien ne garantit qu'elle emploie plus de monde. La seule certitude est que l'entreprise avant demandait plus d'heure de travail au marché du travail et qu'elle produisait plus.
  8. Si elle est dans un contexte international, elle est seule à voir ses coûts augmenter face à sa concurrence internationale... Il n'est donc pas improbable qu'elle vende beaucoup moins.
  9. Conclusion : tant qu'on a du chômage, on diminue la compétitivité des entreprises et donc on créé du chômage.
Une considération plus libérale vise à voir la diminution du temps de travail différente. Dans cette conception certains travailleurs décident qu'ils préfèrent voir leurs revenu en échange de plus de temps libre, ils acceptent donc une diminution de leur temps de travail mais liée à une diminution de leur salaire. Cette diminution du temps de travail n'entraine aucune diminution de la compétitivité ou une diminution minime de la productivité liée à une augmentation des coûts de management.

edit: Pour reprendre, un commentaire plus bas au sujet du SMIC : "Tous ceux dont la productivité marginale est moindre sont dans une trappe à inactivité."


4 commentaires:

  1. Tu as raison, on néglige toujours cet aspect coût du travail. Le SMIC est d'ailleurs un salaire minimum interprofessionnel de chômage... Tous ceux dont la productivité marginale est moindre sont dans une trappe à inactivité. On ferait mieux de laisser la liberté de rémunération, quitte à avoir un filet de sécurité (du type impôt négatif) pour les vrais pauvres (pas comme actuellement, un transfert massif de tous vers tous).

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  2. Excellente remarque : je pense que la solution de l'impôt négatif/revenu universel est vraiment une solution simple qui pourrait répondre à bien des maux.

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  3. C'est très théorique tout cela. Quid de l'automatisation qui tend à disjoindre temps de travail du salarié et volume produit. la productivité globale n'étant plus tant fonction du nombre d'heures travaillées que de l'investissement dans la modernisation de l'outil productif. Domaine dans lequel la France montre un certain retard.

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    1. Si l'idée est de pointer du doigt la baisse de l'utilité du travailleur dans la création de valeur. Je ne pense pas que la valeur créée par les machines (financée par le capital) soit une justification a des propositions sans queue ni tête. Si une entreprise n'a plus de besoin de main d'oeuvre elle n'entre même pas dans la réflexion dont il est question dans l'article.

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