samedi 20 novembre 2010

Euthanasie : évitons de fausser le débat

Je dois admettre que quand Koz s'offre une explication sur l'euthanasie, un peu argumentée et, au-delà d'un comptage de point politico réthorique il marque un point à mes yeux dans ce monde de basse relativité. Prenons donc un peu de temps pour formuler un point de vue.

Pour moi l'euthanasie est vendu en package avec le droit de disposer de sa vie et donc d'y mettre fin. Contester celà c'est contester le fait que je sois le seul propriétaire / maître de mon corps... Naturellement ça veut dire verser dans le fascisme profond ou le dogme religieux primaire : "la vie c'est le cadeau de Zésus"... Mais ça c'est touchy à défendre, parce que ça veut dire se mettre dans le camps des conservateurs mal conservés ; ça fait aussi dégueulasse que de défendre le créationnisme.

Je trouve que l'on prend le refuge un peu facile du contre-exemple, des abus, du produits dérivés... Le même type de positions que l'on peut prendre contre le port d'arme, le mariage gay ou la prostitution...

Vous voyez le genre ? Le port d'arme c'est la porte ouverte à l'assassinat, le mariage gay c'est génial pour les pédophiles, la prostitution c'est des filles qui sont forcées, on ne peut prendre plaisir à celà... Cependant, posséder une arme et être un assassin c'est différent ; être gay et violeur d'enfant ce n'est également pas un phénomène nécessairement corrélé ; vendre son corps pour bosser dans la police, c'est à mon sens plus dégradant que de le vendre dans la rue sur la base d'un échange librement consenti. Sérieux, qui peut aimer être percepteur au fasciés ? L'individu, quand il s'agit de ses droits, ne doit pas être réduit à des mesures statistiques, l'individu existe en lui-même, il n'existe pas à 95 %, s'il a 5 % de chances d'être allé malheureusement tâter les extrémités de la loi normale.

Quelques extraits :

  • "Aucun Homme n’est jamais indigne" : je prends un argument bisounours de l'adversaire, je le démonte, et donc j'ai raison... Oui mais non, ça prouve que l'argument est mauvais, ça ne statue pas sur l'idée sous-jacente.
  • "Donner la mort" : oui, on donne la mort, à celui qui la demande et n'est plus en mesure de s'en charger par ses propres moyens ; on ne donne pas la mort comme le ferait un exécuteur et comme le laisse sous entendre la formulation.
  • "Le choix est illusoire" : le fait que d'autres alternatives puissent paraître inacceptables ne conteste en rien le fait qu'il y ait un choix. Si un choix n'a aucune conséquence, il est futile, la liberté ce n'est pas légèreté.
  • "La demande de mort est extrêmement minoritaire" ... voilà un bel argument pour légitimer que l'on débatte d'autres sujets... Je n'ai pas vu la même hargne pour demander que l'on ne parle pas de burqa. Un peu salaud de ma part de critiquer des choix éditoriaux plus guidés par le coeur que la rhétorique.
  • "Autoriser l'euthanasie active portera un coup fatal au développement des soins palliatifs" : de la même manière, je pense que l'on devrait couper Internet dans tous les foyers français, car il menace la pérennité des médias traditionnels.
... Bon j'arrête, je reconnais la manœuvre un peu facile et mesquine.

Pour moi, il est un seul argument qui peut s'opposer à l'euthanasie dans certains cas, c'est le fait que lorsque le malade est inconscient, il n'est pas acceptable de faire un choix définitif en son nom.


En guise conclusion, je repense à l'affaire Chantal Sébire qui a finit par se suicider et exercer les droits qui étaient les siens en emmerdant la loi. Si on doit l'estimer fautive, je me dois de m'interroger : jusqu'à quel point faut-il souffrir pour faire plaisir à un dieu absent ? Quel degré de douleur pour expier l'arrogance de l'existence ?

Illustration Time Magazine


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