jeudi 20 juin 2024

La parenthèse française

Nicolas Sarkozy s'est occupé de la droite, François Hollande de la gauche. Mais dans beaucoup de pays où la scène politique traditionnelle s'affaiblit, il semblerait que l'appel d'air soit polarisant et profite aux extrêmes. Italie, Espagne, Hongrie, Pologne, Portugal, France un peu.

La France faisait tout de même exception sur cette approche, Emmanuel Macron, sortit un peu de nulle part, avec un profil plus technocrate que dans la ire envers une société qu'il veut réformer. Le vent d'espoir était là, et la France, pendant un moment semblait avoir trouvé sa voix alternative dans la modération, un événement singulier.

L'homme donnait le change : a priori qualifié, pas forcément un pur produit des administrations françaises, ni de son monde politique. Avec un charisme indéniable, et, ce qui contribue probablement à la moitié de son aura international, des capacités transposables en anglais. Je surenchéris, l'homme, sauveur du monde, démarre son approche en ramenant du sang frais à la société. Pendant un instant c'était beau.

Alors ... gilets jaunes hebdomadaires, bordel du COVID, rebordel de l'Ukraine, les petite flambées de véhicules intempestives. La chance n'a pas forcément été de la partie. Mais dans un sens, il serait légitime aussi de se demander si la compétence, était bien là, au-delà de la prestation de communication occasionnelle. A un point où la cumulation des prises de position ratées, des erreurs de castings conservées plutôt que d'admettre des erreurs et des recrutements d'ouvertures laisse planer des doutes. Et une partie du contexte dérive probablement de la gestion habituelle des problèmes (gilets jaunes, délinquance, ...). On pourrait se demander si le vent frais qui devait se lever n'est pas finalement aller se loger dans la tête du capitaine.

Soit je suis un con dont le jugement ne doit pas être considéré, chose tout a fait possible. Soit il y un passage cocasse d'un homme qui représentait autant d'espoir à un autre président de la Vème République qui croyait entendre Dieu lorsqu'il n'y avait en fait qu'un echo. Une cocassité qui invite quand même à se poser la question, si au-delà des hommes, le système n'est pas lui même la fabrique de cette inertie et de cette médiocrité. Les fameuses institutions auxquels on fait bien confiance. Et si oui, comment l'améliorer sans jeter le bébé avec l'eau du bain, parce que même si on se plaint beaucoup, ça pourrait être pire.

Le fait est que s'il est des éclairs de génie dans le monde, parfois éclairant des génies incompris ; je pense qu'on se rappellera de la crise de nerf d'Emmanuel Macron comme d'un passage à vide assez inquiétant. La recette du cassoulet picard réchauffé au micro-onde n'a finalement pas pris, les invités sont repartis sans leurs tuperwares. La grande union contre l'extrême droite de Satan s'est pris les pieds dans le tapis. Quelle surprise.

Et, sans vouloir indiquer nonchalamment que l'empereur Macron a le fessier un peu exposé... Elle aurait eu quelle gueule l'"union républicaine" ? Sur quel terrain aurait-on pu voir écrire, les mains jointes avec le président, une gauche qui doit plus que composer avec La France Innomable (LFI), et une droite à demi moribonde. Le seul endroit où la mayonnaise prendra, peut-être de force, sera pour la composition d'un gouvernement. Et ... bon courage ... une belle dynamique en perspective dans un pays déjà difficile à manoeuvre.

La branlée va être mémorable, on voit des sondages sur le nombre de voix. N'oublions pas qu'il s'agit plutôt de gagner des sièges. Le suffrage majoritaire va faire mal et faire gagner beaucoup de sièges à celui qui arrive en tête. Le même système qui a permis de modérer l'influence des extrêmes va aujourd'hui, probablement les démultiplier. Il n'y a pas de scénario ou le gouvernement ne se retrouve pas à gauche teinte rouge, ou à l'extrême droite.

Du coup, on peut déjà regarder les sujets où il y a entente entre les potentiels vainqueurs :

  • Guerre en Ukraine : un soutien en demi-teinte. Même s'il y a eu de l'eau mise dans le vin. C'est à se demander si à un moment LFI et le RN n'avaient pas les mêmes financiers.
  • Réforme des retraites : après je ne sais combien de mois de grèves, de blocages, de votes, de revotes, de drame... Et bien on va probablement essayer de remettre le dentifrice dans le tube.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts with Thumbnails