lundi 15 octobre 2012

Qu'est-ce que la science au début du XXIème siècle ?

La science c'est selon moi la connaissance du « vrai car vérifiable ». Selon Wikipedia et le Robert « Ce que l'on sait pour l'avoir appris, ce que l'on tient pour vrai au sens large. L'ensemble de connaissances, d'études d'une valeur universelle, caractérisées par un objet (domaine) et une méthode déterminés, et fondées sur des relations objectives vérifiables [sens restreint] ». La second définition me plait moins puisqu'elle se centre sur la notion de savoir, or on ne sait pas que des choses vrais.

Cette approche du savoir laisse la porte ouverte à un terme qui y est lié, celui de "savant", ceux-qui-savent. Quand j'entends Jean-Pierre Pernaud, la douce voix de la fosse sceptique de TF1, prononcer le mot "savant" j'ai l'impression de m'être offert un aller simple pour le début de la guerre froide. Il ne lui manque plus que de passer en noir et blanc et de prendre une voix nasillarde pour nous rappeler le temps bénit par Mélenchon de la TSF, cette bonne vieille télé d'état qui distillait la Vérité avec un grand V.

On décrit généralement une chose par ce qui la rend différente, par exemple si je dis "on sent l'orage arrivé, le ciel est noir", tout le monde comprend qu'il est gris, plus foncé qu'avec de simples nuages et qu'il ne fait pas nuit (donc pas vraiment noir). Le terme de "savant" laisse ce goût bizarre sur la langue affirmant qu'eux savent, et que les autres, non.

L'activité des scientifiques n'est pas de savoir, ça c'est une de leur qualité, leur occupation est de chercher à découvrir de nouveaux savoirs, de nouveaux modèles, de nouvelles connaissances. Le savoir est censé être accessible à tous par l'éducation (au sens large, celle que l'on pratique également tout seul le soir en naviguant sur Wikipedia quand Facebook est couché). Cette idée que le savoir est l'apanage de quelques uns qui le distille vers la populace range la science au niveau du dogme et un scientifique au niveau d'un curé, martelant la vérité plutôt que l'expliquant.

Des branches de la science s'intéressent également à fournir des modèles pour notre réalité. Un modèle est une représentation, généralement simplifiée du fonctionnement de la réalité. On pourrait par exemple considérer que la physique et l'économie sont deux sciences qui fonctionnent sur des modèles mais tentant de décrire des réalités différentes, d'un côté les intéractions des objets entre eux, et d'un autre le fonctionnement d'un ensemble d'êtres humains à travers l'échange de biens et de services.

Un modèle est simplement une idée, un système schématique ou une formule mathématique. Il peut être utile (ou valide) à une certaine échelle si l'on s'apercoit qu'il permet d'expliquer la réalité, par exemple les trois lois de Newton expliquent la chute d'une pierre. Cependant la plus part des modèles sont faux (ce qui ne les empêchent pas d'être utiles), par exemple l'idée que lorsque le prix augmente la demande diminue est un modèle économique qui trouve ses limites lorsque l'on s'intéresse au point particulier du luxe. Dans le monde du luxe (du vrai luxe), le prix d'un produit est un de ses attributs de vente. Si je vous demande la meilleure bouteille de vin du monde et que je vous mets seul, sans connexion internet dans un magasin, vous prendrez certainement la bouteille la plus cher.

Ainsi lorsque l'on entend déclarer en sciences humaines que certaines vérités sont aussi vrai qu'1+1=2, on comprend que certains ont du mal à saisir les limites de leurs connaissances. L'économie fait parti des domaines où certains constats empiriques peuvent être transcendés hors de leur contexte pour devenir des religions. Il peut s'agir des prétendus modèles socialistes scandinaves dont on oublie que premièrement ils n'évoluent pas forcément vers le soviétisme et deuxièmement en plus d'être socialistes ils sont aussi scandinaves prennent donc place dans un contexte culturel particulier. On peut également cité cette idée sacrosainte que toute taxe décourage (oui, j'ai aussi besoin de m'autocritiquer un peu).

On peut également être tenté de lever une inquisition contre la connerie lorsque l'on lit certains titres de presse, le candidat le plus récent étant l'auteur de ces quelques mots "Oui, les OGMs sont des poisons !". Une expérience teste uniquement sur des rats, un seule variété de maïs OGM (Monsanto jesaispluscombien), et, la conclusion est que, si les rats sous maïs OGM meurent plus alors tous les OGMs sont nocifs à tous. L'étude en elle-même pose peut-être des questions intéressantes, on peut en vouloir à ceux qui la noie dans une bouillabaisse de débats débilitants sur le sujet des OGMs. J'aimerais dire à ce monsieur en mal de lecteur que j'ai connu des prostituées qui racolaient moins.

Sachant que l'on a déjà vu un vieux (senior en politiquement correct) tuer des jeunes qui faisaient trop de bruit, peut-on titrer sans honte : "La délinquance du troisième âge s'arme pour faire la guerre à ses rivaux" ? Question ouverte, gros bisous et bonne journée !


4 commentaires:

  1. "Cependant la plus part des modèles sont faux (ce qui ne les empêchent pas d'être utiles), par exemple l'idée que lorsque le prix augmente la demande diminue est un modèle économique qui trouve ses limites lorsque l'on s'intéresse au point particulier du luxe. "

    C'est vrai, mais ce qui fait l'intérêt d'un modèle aussi, c'est de savoir pourquoi et dans quelles limites il est faux. Par exemple, considérons les modèles climatiques. Tout modèle climatique est par définition faux, comme tout modèle. Mais dans un modèle faux, il y a des parties vraies, des contraintes forcées, et des simplifications raisonnables. Ainsi, les modèles de réchauffement climatique, à la base, sont des problèmes de flux d'énergie. L'énergie étant une quantité essentiellement conservée, il est évident que si on relâche moins d'énergie thermique dans l'espace qu'avant, on va vers un réchauffement moyen. C'est aussi simple qu'un problème de baignoire. Tous les modèles de réchauffement climatique sont basés là-dessus, ensuite, en fonction des "détails", on va avoir des modèles plus ou moins différents, avec des magnitudes plus ou moins différentes.
    On voit souvent des gens attaquer des modèles sur des détails ou des hypothèses simplificatrices pour rejeter des caractéristiques génériques des modèles beaucoup plus fortes. Je ne suis pas expert en économie, mais j'ai l'impression que c'est souvent le cas pour cette science.
    Sinon, je suis un fervent partisan de la mathématisation de tout modèle: cf ce billet
    http://tomroud.cafe-sciences.org/2011/11/30/pourquoi-modeliser-mathematiquement/

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    1. très bon article. Il est vrai que l'idée de rationaliser à travers des modèles mathématiques est une bonne approche pour faire avancer la science, mais c'est vrai que pour certains modèles acquisitions de données est extrêmement difficile. Le web ouvre d'ailleurs énormément de nouvelles portes pour ce type d'approche, quand on y réfléchit bien, c'est la première fois que des sociologues vous pouvoir se pencher sur des informations concrètes et chiffrées autour de leur sujet d'étude.

      Dans le cas particulier de l'économie, venir rationaliser veut dire également mesurer, si l'on prend par exemple les chiffres du chômage c'est la foire à la manipulation. Et avoir des données trafiquées n'est pas vraiment souhaitable. cf : http://www.youtube.com/watch?v=QTYneF0Uvyg

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  2. Cadeau : http://arstechnica.com/staff/2012/10/editorial-meet-a-science-committee-that-doesnt-get-science/

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    1. Ca ne m'étonne pas de voir un républicain déblatérer des conneries entouré de trophés de chasse avec une armée de beaufs en train de bêler leur "yeah, yeah"... Ca ne m'étonne pas non plus de voir un républicain dans un comité lié à la science. Mais regroupé les deux choses dans une même personne, là on sent le génie, c'est aussi inquiétant que du Stephen King.

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