jeudi 20 juin 2024

La parenthèse française

Nicolas Sarkozy s'est occupé de la droite, François Hollande de la gauche. Mais dans beaucoup de pays où la scène politique traditionnelle s'affaiblit, il semblerait que l'appel d'air soit polarisant et profite aux extrêmes. Italie, Espagne, Hongrie, Pologne, Portugal, France un peu.

La France faisait tout de même exception sur cette approche, Emmanuel Macron, sortit un peu de nulle part, avec un profil plus technocrate que dans la ire envers une société qu'il veut réformer. Le vent d'espoir était là, et la France, pendant un moment semblait avoir trouvé sa voix alternative dans la modération, un événement singulier.

L'homme donnait le change : a priori qualifié, pas forcément un pur produit des administrations françaises, ni de son monde politique. Avec un charisme indéniable, et, ce qui contribue probablement à la moitié de son aura international, des capacités transposables en anglais. Je surenchéris, l'homme, sauveur du monde, démarre son approche en ramenant du sang frais à la société. Pendant un instant c'était beau.

Alors ... gilets jaunes hebdomadaires, bordel du COVID, rebordel de l'Ukraine, les petite flambées de véhicules intempestives. La chance n'a pas forcément été de la partie. Mais dans un sens, il serait légitime aussi de se demander si la compétence, était bien là, au-delà de la prestation de communication occasionnelle. A un point où la cumulation des prises de position ratées, des erreurs de castings conservées plutôt que d'admettre des erreurs et des recrutements d'ouvertures laisse planer des doutes. Et une partie du contexte dérive probablement de la gestion habituelle des problèmes (gilets jaunes, délinquance, ...). On pourrait se demander si le vent frais qui devait se lever n'est pas finalement aller se loger dans la tête du capitaine.

Soit je suis un con dont le jugement ne doit pas être considéré, chose tout a fait possible. Soit il y un passage cocasse d'un homme qui représentait autant d'espoir à un autre président de la Vème République qui croyait entendre Dieu lorsqu'il n'y avait en fait qu'un echo. Une cocassité qui invite quand même à se poser la question, si au-delà des hommes, le système n'est pas lui même la fabrique de cette inertie et de cette médiocrité. Les fameuses institutions auxquels on fait bien confiance. Et si oui, comment l'améliorer sans jeter le bébé avec l'eau du bain, parce que même si on se plaint beaucoup, ça pourrait être pire.

Le fait est que s'il est des éclairs de génie dans le monde, parfois éclairant des génies incompris ; je pense qu'on se rappellera de la crise de nerf d'Emmanuel Macron comme d'un passage à vide assez inquiétant. La recette du cassoulet picard réchauffé au micro-onde n'a finalement pas pris, les invités sont repartis sans leurs tuperwares. La grande union contre l'extrême droite de Satan s'est pris les pieds dans le tapis. Quelle surprise.

Et, sans vouloir indiquer nonchalamment que l'empereur Macron a le fessier un peu exposé... Elle aurait eu quelle gueule l'"union républicaine" ? Sur quel terrain aurait-on pu voir écrire, les mains jointes avec le président, une gauche qui doit plus que composer avec La France Innomable (LFI), et une droite à demi moribonde. Le seul endroit où la mayonnaise prendra, peut-être de force, sera pour la composition d'un gouvernement. Et ... bon courage ... une belle dynamique en perspective dans un pays déjà difficile à manoeuvre.

La branlée va être mémorable, on voit des sondages sur le nombre de voix. N'oublions pas qu'il s'agit plutôt de gagner des sièges. Le suffrage majoritaire va faire mal et faire gagner beaucoup de sièges à celui qui arrive en tête. Le même système qui a permis de modérer l'influence des extrêmes va aujourd'hui, probablement les démultiplier. Il n'y a pas de scénario ou le gouvernement ne se retrouve pas à gauche teinte rouge, ou à l'extrême droite.

Du coup, on peut déjà regarder les sujets où il y a entente entre les potentiels vainqueurs :

  • Guerre en Ukraine : un soutien en demi-teinte. Même s'il y a eu de l'eau mise dans le vin. C'est à se demander si à un moment LFI et le RN n'avaient pas les mêmes financiers.
  • Réforme des retraites : après je ne sais combien de mois de grèves, de blocages, de votes, de revotes, de drame... Et bien on va probablement essayer de remettre le dentifrice dans le tube.



samedi 11 juin 2022

Socialism 20.22 : environnement et inflation

S'il est une question qui requiert l'intervention de l'Etat c'est celle de l'environnement.

Le sujet du changement climatique est un point majeur, probablement un des enjeux les plus importants de l'humanité pour notre siècle. Il faut reconnaître de l'astuce aux marxistes qui ont trouvé dans l'écologie le moyen de s'associer au nom d'une science et de rebrander leur idéal.

Le changement climatique a tellement fait glisser ce sujet dans l'air du temps que pas un seul parti n'a ignoré une vision environnementale progressiste. Dans un pays internventionniste comme la France et plus généralement l'Europe, ce n'est au fond qu'un argument de plus pour l'orgie de normes, de lois et de règlements.

Tout ceci n'est pas plus mal, une fierté légitime peut toucher ceux qui ont gérer le problème des gaz agissants sur la couche d'ozone dans les années 1980, et ceux qui ont amené des pays développer à décorreller leur PIB de leur consommation d'énergie.

Quelques décennies plus tôt, la corrélation entre PIB et consommation d'énergie était si forte qu'on aurait pu être tenter de climatiser le Sahara pour simplement voir la richesse des pays qui se le partagent augmenter.

Mais le PIB, la richesse, l'opulence sont des sujets matérialistes sortis des programmes politiques. Sans creuser plus loin, une recherche Google "PIB par habitant France", vous amène à vous demander comment la "décroissance" peut être percue comme disruptive. Ca fait plus d'une décénie que la tendance à l'appauvrissement national est un fait.

L'hypocrisie est de ne pas parler franchement d'appauvrissement et de perte de qualité de vie qui sont tous deux derrière la gestion de l'environnement telle qu'on la pratique. C'est d'ailleurs devenu pratiquement un point d'honneur de la mauvaise gestion : "c'est le futur". On ne peut plus se garer ? On supprime des places pour laisser 2 m2 terre en friche ? Le prix du chauffage explose ? Il est impossible d'avoir un permis de construire et les coûts explosent ? C'est le futur camarade ! Sers les dents et admires !

A moins de vivre dans des zones très spécifiques, le trajet en voiture reste plus rapide que les transports alors même que les zones urbaines on tout fait pour le rendre insupportable. Et soyons clair, qui voudrait manquer les effluves musqués et viriles de votre voisine se décomposant dans trois jours de crasse dans un RER bondé par une énième grève de la CGT, une panne ou simplement l'air du temps. Le future les gens ! Si les robots vous font peur, attendez de voir la réalité !

Et ca va plus loin, quand les prix des transports, de l'énergie et du logement explosent, c'est au moins 60% des dépenses du travailleur moyen qui deviennent 65%. Devenir propriétaire est un rêve, et les politiques d'accession à la propriété ni changent rien. Le logement est déjà découpé entre logement pour riche et logement pour pauvre... Même si ça sauve la planète, ça peut le faire un peu chier le travailleur.

Du coup, l'autre définition du socialisme c'est l'étouffement de la liberté personnelle. Où finit par vivre l'individu ? Quels sont les domaines dans lesquels s'exercent son libre arbitre ? D'après Jean-Luc Mélenchon, probablement tous les ans quand il va glisser un papier dans une enveloppe pour choisir entre vermillion et carmin.

Dans un monde comme le nôtre la première des libertés est de dépenser son argent. Hors cynisme, l'argent est un lubrifiant universel pour rendre et recevoir des services. En-dessous d'un certain niveau de richesse il est illusoire de voir énormément de choix et de liberté de choix à un individu.

L'inflation.

La planche à billet a fonctionné remarquablement bien et remarquablement longtemps car depuis des années que certains annoncent un effondrement monétaire, l'outil a presque semblé magique. Est-ce toujours avant l'orage que la lumière est la plus forte ? ... La métaphore est nulle. Mais 2021 semblait presque miraculeuse, l'inflation transitoire mais légère s'expliquait par les problèmes logistiques, l'emploi était en très bonne forme.

L'inflation est pour le salaire minimum une chose formidable puisqu'elle l'abaisse de manière indolore. L'emploi continue donc d'avancer, les revenus effectifs des travailleurs un peu moins.
100% des choses que notre travaillauer moyen pouvait s'offrir avec son salaire passe à 95%, mais le montant en fin de mois est le même.

L'inflation est maintenant moins transitoire, moins indolore, mais on l'explique par la guerre en Ukraine, on l'anticipe même. Le tortionnaire mégalomane qui dirige la Russie va en toute probabilité également causer une explosion des prix de l'alimentaire. Ne pleurons pas trop ici, parce que si cela va impacter notre qualité de vie, cela va tuer des millions de personnes dans les pays pauvres. Les pâtes à 4€ le kilos, c'est toujours plus sympa qu'une pénurie totale de nourriture.

La mesure de l'inflation est compliquée en essence parce que ce n'est pas nécessairement intuitif de venir avec une définition universelle consensuelle. Et en pratique parce que les pouvoirs publiques passent un peu pour des cons quand elle s'envole et peuvent jouer sur les modalités de calcul.

Par exemple, est-ce que simplement s'intéresser aux loyers est suffisant pour regarder la composante immobilière ? En théorie oui, en pratique le BLS aux USA procède ainsi, en pratique le rapport entre loyer et prix d'achat s'est effondré. Si le loyer a peu changé, le fait de devenir propriétaire coute beaucoup plus cher.

Est-ce que dans le prix des choses que mesure l'inflation, on doit considérer que l'individu veut faire des épargner ? Est-il légitime de regarder le multiple moyen des bénéfices que l'on paie une action pour avoir une base comparable ? Je crois que la réponse est non dans la plus part des mesures de l'inflation.

On a donc une définition très "basse classe sociale" de l'inflation, sans placement et locataire à vie.

Sur la période récente jusqu'en 2022, ces deux éléments ignorés ont flambés. L'inflation affichée était faible, les propriétaires étaient heureux, les actionnaires aussi, c'était Noël pour les banquiers centraux.

Si je mélange les deux idées, la politique environnementale crée une inflation sur une grande partie de l'économie, en majeur partie sur des choses incompressibles et en partie sur des choses non mesurées.

Ainsi se croise deux éléments proches dont aucun des deux ne semblent ralentir, le marteau descend, l'enclume monte. Je ne suis pas certain que la situation soit tenable à long terme.


samedi 2 avril 2022

Eloge de l'anonymat

"Cyber-harcèlement", protection de la vie privée en ligne.

 

La psychose de l'Internet est bien implanté, avec des saveurs différentes selon les interlocuteurs. Néanmoins on évoque assez rarement l'anonymat comme une pratique résolvant beaucoup de ces problèmes. Il est vrai qu'elle est peu aligner avec la lutte contre la criminalité en ligne ou encore avec des pures objectifs commerciaux. Mais pour les individus, elle a plusieurs vertus.

L'anonymat sur internet est souvent un pseudonymat, l'absence totale d'identité est rarement possible, surtout considérant que l'accès à beaucoup de contenu est souvent derrière une obligation de connexion / identification. Facebook, Twitter, Quora, Pinterest, la médiocrité exige une identité. Principalement parce qu'elle le peut, aussi parce que malheureusement nous l'avons accepté. Moi le premier à travers l'usage de Blogger... Internet était pensé pour être un réseau communiquant, il a évolué vers quelque chose ou l'information est plus organisée comme un Minitel et chaque usage à son service qui centralise toute l'information.

 

L'anonymat offre une ségrégation du monde. Mon nom dehors et mon nom en ligne n'ont pas de rapport. Empêcher les trois connards qui pourrissent la vie de vos gamins à l'école, de les retrouver en ligne, c'est leur rendre service. Plus généralement c'est glisser des bâtons dans les roues de tous ceux qui voudront partir d'un nom pour retracer une histoire, un agenda, un profil. Pour les pays où la liberté d'expression est persécutée c'est une pratique nécessaire.

Si mon identité digitale n'est pas nominative, je peux la recréer à volonté. Ou m'en débarrasser à volonté. La raison de celle-ci c'est qu'elle n'est liée à mon individualité que tant que je le souhaite.

Si je peux la créer à volonté, je peux également en créer à volonté et séparer mes identités en fonction de mes usages. Encore une fois ceci m'assure que ces usages et les contacts que je peux y avoir ne débordent pas l'un sur l'autre.


Croire que l'anonymat est le monopole des fanatiques et des criminels, c'est construire une société qui glorifie l’étiquetage.

Sur le plan des acteurs privés dans le digital, ce serait c'est autoriser des comptes accessibles sans être traçables à des personnes. La sécurisation à travers des numéros de mobiles est très efficace pour lutter contre la fraude et la subtilisation. Mais quand on l'impose, sommes-nous très loin de ces sites adultes qui il y a quelques années qui demandaient un numéro de carte bancaire, juste pour vérifier l'âge des utilisateurs ?

Sur le plan du droit, est-ce que le législateur pourrait penser à permettre de faire respecter des droits même pour des utilisateurs anonymes quand ceci ne met pas raisonnablement en danger la sécurité.


mardi 7 septembre 2021

Bullshit jobs et obsolescence

Il y a un petit temps j'ai regardé une vidéo de Veritasium sur l'obsolescence programmée. Je vous la conseille, la vidéo est courte et efficace, mais je vais en résumer les grandes lignes.

Durant le 20ème siècle l'efficacité des ampoules a été améliorée au point que les ampoules duraient trop longtemps et que les gens étaient trop équipés pour que les ventes se maintiennent. Loin d'être un sujet isolé, d'autres entreprises peuvent souffrir de conséquences similairement néfastes de la qualité de leur produit. L'explication prend également l'exemple des premières Ford. Mais plus récemment on peut également trouver Harley Davidson.

La vidéo explique que l'industrie s'est organisée sous forme d'un oligopole pour tout simplement diminuer progressivement la fiabilité des ampoules produites. Cet oligopole s'est arrêté aux alentours de la seconde guerre mondiale.

Ne parlant pas uniquement de fiabilité, le narrateur nous explique également d'autres méthodes pour rendre un produit obsolète : la mode, les choix de couleurs, la fin de production de pièce de rechange. Mais là n'est pas mon point.


lundi 17 août 2020

Intelligence artificielle, un biais contre les biais

Boycottant la hype et le marketing stupide, je ne laisserai "intelligence artificielle" que dans le titre. Si tu as cliqué Lecteur, c'est ton problème !

J'ai lu avec grand plaisir ce recueil "philosophique" de 9 auteurs qui commentent autour de GPT-3, le nouveau modèle de traitement du languages d'Open AI qui représentent un pas en avant en matière de performance. Un des essais part dans des considérations sur les biais du modèle. Je dois admettre que je l'ai sauté, par dépis, tant je trouve ce type de commentaires stériles.

 

 

Qu'est-ce qu'un biais pour un système de ce type ? C'est lui demander de complèter "mère ..." et lui demander de complèter "père ...". Et de comparer  "mère célibataire", "mère indigne", "mère patrie", "mère nourricière", "mère aimante" à "père de la physique moderne", "père de la nation", "père prévenant" ; et décider de manière plus ou moins suggestive que la représentation de la femme est inférieur à celle de l'homme.

Un peu plus ancien, Google avait une fonctionnalité permettant de décrire automatiquement une image. Très sympa pour chercher votre super cliché de "perroquet". Moi amusant pour les utilisateurs noirs auquel le système avait proposé "gorille" devant une de leurs photo.

Ce sujet peut être aussi un vrai sujet, quand, par exemple, certains modèles sont utilisés pour décider si oui ou non mettre des gens en liberté conditionnelle et que l'ont s'apercoit qu'ils conservent un biais racial.

D'où viennent ces biais ? Invariablement ces systèmes qui cherchent à déduire à partir de données des règles, des caractéristiques qui forment le modèle final. Et donc, ces biais viennent systématiquement des données, qui représentent une réalité tel quel est, ou une vision partielle de celle-ci.


lundi 3 août 2020

Economie et pandémie

Produit intérieur brut : "Le PIB est la somme des valeurs ajoutées brutes [des différents acteurs économiques]".

Plus de PIB ne veut pas forcément dire plus de richesse. Car si le PIB augment de 10% et la population de 20%, le PIB par habitant lui a baissé d'environ 8%, 1.1 / 1.2 = 0.916. Et ce n'est pas parce que le PIB par habitant augmente que sa répartition est bonne, ou qu'il est utilisé pour le plus grand bien être de la population. A défaut d'indicateur meilleur c'est tout de même une bonne métrique pour s'interroger sur la santé économique d'un pays.

Ce qui nous amène à nous demandé si le PIB a changé d'une année sur l'autre et donc sur le sujet de la sacro sainte croissance. Est-ce que l'on est mieux aujourd'hui qu'hier ?

La France est officiellement en récession. Les décroissants peuvent même se réjouir, la tendance baissière du PIB par habitant devrait clairement s'inscrire dans une baisse depuis un peu plus de 10 ans. Joli petit graphique chez Google.

Deuxièmement l'année 2020 va être sérieusement touchée, et il ne s'agit pas "juste d'une pause", opinion qui m'est personnelle mais que je vais tenter d'argumenter.

2% ... c'est peu, mais pour la croissance en France c'est un chiffre qui n'a pas été vu depuis plus de 10 ans.

Le premier trimestre 2020 a enregistré une baisse de 7%, le second de 14%.

Admettons que ces croissances soit par rapport aux trimestres de référence l'année passée (ce qui il me sembl est le cas), et demandons nous qu'est-ce qu'il nous faudrait comme croissance en trimestre 3 et 4 pour rattraper la chose en supposant que le PIB soit généralement le même sur les quatre trimestres.

0.93 + 0.86 + x + x = 0

x = 1.105

11% de croissance sur un seul trimestre, ce n'est tout simplement pas présent sur le graphique de l'INSEE qui remonte jusqu'en 2007.

2020 ne sera pas une bonne année.

... Merci Einstein, les centres commerciaux fermés, des usines arrêtés ... Même si les conséquences sont funestes le redémarrage de l'activité va tout simplement être un retour à la normale.

Je pense que l'on peut penser que non et voici ma réflexion.

Qu'est-ce qui fait la croissance ? Ces fameux 2% ?

Plus pragmatiquement, quelques exemples de ce qui pourrait contribuer à la croissance d'un pays toutes choses étant égales par ailleurs :

  • Celui qui trouve un emploi et dépense son excedent de revenu pour partir en vacances et réaménager une chambre, là ou l'an dernier il était resté chez lui.
  • L'entreprise qui arrive à vendre une nouvelle machine pour supporter une implantaion à l'étranger. Je précise "à l'étranger" car les importations comptent dans le PIB, des ventes internes d'entreprise à entreprise ne qualifient pas en tant que "valeurs ajoutées brutes"
Ne nous étendons pas à diverger en exemples ! Lecteur, même si tu n'es pas sobre, tu comprends l'idée.

Sans dire que la situation va nous renvoyer à l'^ge de pierre pour le plus grand plaisir des écolos trépignants, il y a quelques données qui vont faire que le coronavirus ne sera pas un on/off sur l'économie.

Par rapport à novembre 2019, qu'est-ce qui a changé ?
  • Beaucoup d'entreprises ont consommé de la trésorerie.
  • Beaucoup de particuliers ont également vu leur bas de laine être sollicités.
  • L'avenir est perçu comme beaucoup plus incertain. Et ce point est probablement le plus important.
En fonction des pays et des situations, les deux premières affirmations sont très variables. La situation française où le chômage a couvert 80% des revenus (voir 100% pour des fonctionnaires ne pouvant pas travailler). D'autres pays ont suspendu les loyers, ou  laissé ouvertes des possibilités de moratoires sur les crédits. Dans ces pays ou le confinement est indolore, on note plus d'hygénistes acharnés que dans d'autres. Sans critiquer la position en elle même, il est amusant d'observer à quel point la morale suit la bourse.

Mais, même quand le filet de sécurité est présent. Il est souvent à grosses mailles, le temps d'un communiqué de presse. Tant pis pour les indépendants.

Soyons clairs sur le volet moral, ça me choquerait qu'un dentiste indépendant se retrouve, à mes frais, avec 80% de son revenu net pour voir passer l'hiver. Pour autant c'est un contributeur (ou contribuable) important aux caisses de l'état, si la solidarité nationale est la norme, il en est le financier, il devrait en être, aussi, le bénéficiaire pour partie. Ceci pendant que beaucoup de fonctionnaires qui ont des salaires de 5 000 € se sont retrouvés dans une paisibilité plus assumé que d'habitude avec la totalité de leur revenus.

Mais parlons de faits. Le dentiste l'a eu dans le cul.

L'entreprise qui s'est prise des pénalités de retard. Elle aussi, elle sent comme un léger titillement de sa prostate comptable.

Couteau entre le dents, je t'entends murmurer : "La société tournera sans la raclure bourgeoise". Sauf que même si notre dentiste, Dr Cohen, en plus d'être dentiste, est un juif adoubé franc-maçon reptilien. L'argent qu'il encaisse habituellement sert à financer des entreprises de ses proches, réaménager une résidence secondaire ou investir dans l'immobilier. En clair sans lui et ses revenus habituellement comfortables, il y aurait peut-être moins un appartement en plus à vendre chez un promoteur, un artisan avec 10 000 € de chiffre d'affaire en moins à Deauville et un restaurant qui aurait fait faillite dans le Vème arrondissement.



Cet aimable Monsieur est probablement quelqu'un de prévenant, bon-père-de-famille™, il a un peu d'argent de côté. En général, on suggère d'avoir 6 mois de besoins financiers de côté. Mais même si son rythme de vie côté sortie et voyages s'est calmer, beaucoup de dépenses ont été incompressibles : les échéances de crédits ayant probablement été les principales.



Bref ces entités motrices de l'économie sont un peu moins à flot que précédement. L'incertitude économique n'incite pas non plus à réduire ma quantité d'argent que l'on voudrait idéalement avoir de côté.



A l'instinct, il y aura probablement trois étapes, possiblement concurrentes à venir.

  1. Rattrapage des choses différées urgentes ou des loisirs dont l'absence a été frustante, ce qui devrait probablement donner un déconfinement plutôt positif. Espérons un troisième trimestre sympathique, peut-être même un quatrième.
  2. Reconstitution et peut-être augmentation des trésoreries amenuisées par la crise.
  3. Attitude attentiste, pour éviter de prendre un risque trop important à un mauvais moment.
Et les points 2 et 3 ne sont clairement pas des choses qui vont aider à rattraper ce petit retard de croissance rapidement.

Sans que ce soit nécessairement le déclencheur assuré d'une crise majeure, ce sont des éléments qui ne sont pas en faveur du scénario d'une crise en V, la descente est là, mais la remontée devra peut-être prendre plus de temps.


jeudi 12 mars 2020

Chroniques coroniques covidiques


Des faits, des faits, des faits

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) publie régulièrement des mises à jours sur la situation générale autour du Coronavirus, Covid-19.

https://www.who.int/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/situation-reports/

Dans son rapport de février, l'OMS indique un taux de mortalité de 3.8%. Ce taux est discuté, il serait plus faible d'après certains.

https://www.who.int/docs/default-source/coronaviruse/who-china-joint-mission-on-covid-19-final-report.pdf

La saturation des infrastructures sanitaires est un problème qui pourrait / prend une tendance des plus inquiétantes. En Italie, au 11 mars même si 100% des malades encore en traitement venaient à guérir, on aurait tout de même plus de 6% de morts (chiffres officiels du gouvernement italien).

https://github.com/pcm-dpc/COVID-19/blob/master/schede-riepilogative/regioni/dpc-covid19-ita-scheda-regioni-20200311.pdf

Je ne trouve pas de détails fiables par rapport à la situation, mais le message pudique est "on fait des choix". La traduction serait que quand on a trop de patients, on ne peut pas soigner tout le monde. De manière plus crue, on laisse des gens mourir.

Je précise que les classements mondiaux considère le système de santé italien comme extrêmement performant, en particulier en Italie du Nord.

Cette saturation pourrait bien être un problème plus important que la maladie elle-même. Et la France n'est pas à l'abri d'une situation similaire. Allegro!


Des faits qui ressemblent moins à des faits mais qui en sont

La Chine a essayé de faire des contrôles et de mettre des quarantaines aux proches des malades pour limiter les infections, ça n'a pas marché.

L'Italie a essayé de faire des contrôles et de mettre des quarantaines aux proches des malades pour limiter les infections, ça n'a pas marché.

La France a essayé (ou pas ?) de faire des contrôles et de mettre des quarantaines aux proches des malades pour limiter les infections, ça ne va pas marché.

Pour être tout a fait honnête, sans avoir creusé le détail de la situation, il semblerait que la Corée du Sud ait réussi à contenir l'épidémie sans passer par un blocage complet des régions affectées. Une des caractéristiques différenciante de la Corée est qu'elle a massivement procédé à des tests.


Nouveaux cas par jour en Corée du Sud

Source: wikipedia

Des hypothèses

Les chinois ont fait parlé d'eux en construisant des infrastructures médicales en moins de 10 jours. Je doute de la capacité des pays européens à travers la même chose. Ce n'est pas un manque de moyen, ou de capacité physique. Je pense que la culture européenne n'est pas habitué à cette efficacité opérationnelle. En France, en Italie et probablement ailleurs, la construction est dans le temps long, dans l'administration, dans le respect des normes et des droits. Même si on peut s'en abstraire à un moment, les habitudes sont probablement dures.

Les USA, à défaut de contenir la maladie, ont cherché à contenir l'information. Probablement que le risque le plus grand a leur yeux était une panique financière. On parle de 472 tests au 1er mars.

https://www.worldometers.info/coronavirus/covid-19-testing/

Beaucoup de business et de gens qui voyagent, beaucoup d'étrangers. La santé y coute cher, très cher, les gens sont gavés de crédit, il n'y a pas de filet de sécurité étatique. Jusqu'à il y a quelques jours une volonté gouvernemental de maintenir des chiffres bas. Je ne vois pas quels éléments pourraient expliquer qu'il n'y ait pas bientôt des milliers de cas non diagnostiqués dans un pays qui est sous équipé en infrastructure médicale.


Améliorer votre rendement

Il y a de la part des dirigeants politiques des communications qui me semblent étranges. "Cette panique irrationnelle risque de nous tuer l'économie". Merci Captain Obvious!

Je trouve que toutes les annonces de baisse de taux et de mesure de soutien sont totalement hors du temps. Je ne vois là que des cartouches grillées pour le futur.

"Le bateau pourrait bien être en train de couler, mais on vous remboursera votre billet".

La FED a baissé ses taux de 50 points de base, 0.5%, le 4 mars. C'est énorme, et accessoirement sans effet.



Source: Google Finance

Qu'on soit clair, ça va être économiquement sanglant. Les états européens sont gavés de dette, même si l'horizon s'était éclairci il y a des problèmes structurels qui seront peut-être amenés à revenir.


Gérer la défiance

Dans un monde où les conspirationnistes sont légion, il est tout a fait légitime de chercher à reconstruire la confiance en prenant les gens pour des cons.

Le cirque est sans fin.

Le General Surgeon des USA qui explique que l'absence de test était dû au fait que les américains avaient des exigences d'américain, les tests qui marchent dans le reste du monde n'étaient pas assez bien pour eux. Je n'ai pas réussi à retrouver la vidéo, mais c'est touchant.

Sibeth Ndiaye, porte parole du gouvernement français, le 11 mars (environ 1 700 cas sur le territoire français), qui explique que les mesures pour contenir l'épidémie n'ont pas marché en Italie. Les contrôles aux frontières, ça ne marche pas. Alors en France, on est pas aussi con que les bouffeurs de pâte, on est casuals et détendus, on forme un conseil scientifique, plusieurs jours après la mise en quarantaine en Italie, plusieurs mois après celle en Chine...

https://twitter.com/BFMTV/status/1237724062916448257

Bruno Lemaire, ministre du même gouvernement, demande aux entreprises de payer des prestations même si elles n'ont pas été effectuées. Je comprends la bonne intention. Mais je n'ai pu m'empêcher d'aller voir si cette personne avait déjà vaguement croisé le monde économique. Réponse : non. Reconnaissons néanmoins que même avec cette sale habitude de payer avec l'argent c'est peut-être le moins perché des cas que j'énumère ici.

https://twitter.com/franceinter/status/1236920939159474176

Angela Merkel, chancellière allemande, voit une infection atteignant 60 à 70% de la population allemande. Mais, pas ou peu de signaux fort.

https://summit.news/2020/03/10/merkel-expects-60-70-per-cent-of-germans-to-be-infected-with-coronavirus/

Je m'aperçois avec satisfaction que j'ai atteint la parité dans ma mesure de l'incompétence. Je m'arrête.

Ces gens là s'étonnent ensuite que leur mots seuls n'arrivent pas à contrôler les légions affolées se gavant de masque et de rouleaux de PQ. Comme si au lieu d'une infection par les voies respiratoires, on allait les forcer à consommer du laxatif en regardant un enterrement mafieux.

Pour la référence : Jane Austen - Mafia! https://www.youtube.com/watch?v=oB1pDASNe8E Good fun!


Un peu de math

Les gens ont généralement du mal à comprendre la force de la capitalisation des intérêts. Un peu d'argent mis sur un compte avec un rendement de 2% va rapporté beaucoup après plusieurs dizaines d'année. Il faut donc épargner tôt. C'est le même problème.

Je vous donne un million aujourd'hui ou bien je vous laisse placer 1€ avec un taux d'intérêt journalier de 25% pendant 6 mois... Vous prenez quoi ?

Le nombre d'infectés en France, en Italie avant la quarantaine, en Allemagne, double tous les 3 ou 4 jours... Les mesures actuelles ne permettent pas d'éviter une explosion des cas et la croissance est exponentielle.

Traduction on s'en fout que 120 cas ce ne soit pas grand chose par rapport à la population d'un pays.


Est-ce qu'il y a une bonne réponse ?

Cette volonté de bien calfeutrer l'économie face à un risque sanitaire majeure serait hilarante si le sérieux de la situation ne me décontenançait pas. Laisser le virus se propager à 60-70% en confinant les maisons de retraites et les personnes agées ? En dehors de sérieusement alléger le poid des retraites, peut-on réellement croire que l'on va confiner ces gens chez eux à 100% ou que l'on va éviter l'infection de leurs soignants ?

Autre point qui pourrait expliquer le fond des déclarations abhérentes mentionnées plus haut de nos politiciens en phase de débilité inclusive aïgue. Les gens ne respectent pas les quarantaines, ce n'est pas qu'un choix politique. Peut-on mettre en quarantaine pour 40 cas dans un pays de 60 millions ? La quarantaine trop tôt sera perçu comme non nécessaire et superflue. Si elle n'est pas assez respecté, elle n'enraillera pas l'épidémie. Ca peut être une approche de laisser filer les choses pour pouvoir ensuite prendre des actions avec de l'impact.

Notez néanmoins que les quarantaines mettent beaucoup de temps à faire de l'effet. Début le 23 janvier à Hubei, pic d'infections journalières en Chine après 13 jours le 4 février, retour au niveau de début de la quarantaine le 1er mars (un peu moins de 40 jours)... Ce temps est bien plus long que les 14 jours d'incubation maximum. Contamination progressive d'une famille faisant la quarantaine ensemble ? Contamination des soignants ? Agglomération des chiffres entre la Chine et cette unique zone sous quarantaine ? Toujours est-il que cette quarantaine est toujours en cours.


Source: Wikipedia

En Italie, les quarantaines locales se sont avérées efficace.


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Une étude récente indique que le temps d'incubation moyen serait de 5,5 jours. Espérons qu'une substitution psychologique n'ait pas lieu entre cette durée et les 14 jours d'infection maximum.

https://www.sciencealert.com/new-research-says-the-average-incubation-time-for-the-coronavirus-is-5-1-days


En anglais sur le non-engagement des états : Why your government isn't acting on the Corona/COVID-19 threat https://ma.ttias.be/government-act-corona-covid-19/


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