dimanche 25 mai 2025

Interdépendance

Interdépendance, coopération, mondialisation, globalisation, beaucoup de presque-synonymes.

Autarcie, indépendance, autonomie, souveraineté, d'autres presque-synonymes antonymes des premiers.

Le choix des mots reflète bien souvent l'opinion de celui qui les emploie. Je continue dans les quelques débats qui me semblent s'y rapporter.


Le COVID a mis en avant les fragilités de la logistique mondiale, et aussi ses conséquences internationales. Peut-être au mépris des autres et de l'humain, peut-être légitimement certains états ont privilégié leur population à leurs engagements et au droit.

Les agressions russes en Ukraine sont pénalisées depuis 2014 par des sanctions économiques, dont l'efficacité est critiquée par certains, mais force est de constaté que c'est un sujet qui revient lorsque sont couvertes les discussions pour la fin des hostilités dans l'actualité. La Russie n'est pas une exception dans ce genre de pratique du monde occidentale pour imposer une vision et pénaliser un comportement. Iran, Chine, Hongrie, Israël...

Beaucoup de pays, dont la France et les Etats-Unis, ont des positions visant à promouvoir une renaissance d'une industrie locale, principalement autour d'idée de création d'emploi et de richesse. Ceci suivant une démarche selon laquelle, il est possible que l'économie tertiaire ne soit pas aussi solide, robuste et inclusive que l'on aurait pu l'imaginer il y a 30 ans.

D'autres encore promeuvent le développements de pays du tiers monde, qui s'ils ne vivent pas de subside des autres, vont devoir trouver des choses à vendre sur la place mondiale.

Le coût écologique du transport, souvent mis en avant, est en réalité souvent une fraction plutôt faible voir dérisoire sur un produit fini.

Autre idée, je crois, développée par Adam Smith, si les nations échangent, elles auront moins d'intérêts à se faire la guerre. Même si cette idée peut-être nuancée, beaucoup de guerres dans l'histoire n'ont pas vu les flux économiques entre les belligérants s'interrompre.

 

Fin des éléments factuels, début des idées personnelles.

 

Les conclusions relatives aux points précités sont souvent antagonistes : on ne développe pas une industrie locale, sans diminuer ses échanges avec d'autres, ce qui n'est pas sans conséquence pour eux, et ce qui diminuent les leviers et les raisons de rester en paix.

Ainsi je pense que la bonne position est une position d'équilibre.

  1. Les bonnes politiques doivent pouvoir être réciproques et soutenables.
  2. Un pays (voir même une région) doit être en capacité de nourrir sa population. Ceci afin d'éviter que les fragilités logistiques menacent un élément fondamental de la vie. Ceci est conciliable avec une économie de marché ouverte et un maintient de prix: si l'Etat veut garantir l'autonomie sur ce sujet, il doit donc être un acheteur de dernier ressors maintenant les prix, quite a détruire un éventuel surplus. Ou par une politique de subvention de l'agriculture. 
  3. Une même idée, peut-être plus nuancée en fonction du climat, autour de l'énergie. A défaut d'être produite localement, celle-ci devrait à minima soit être fortement diversifiée, soit être productible localement rapidement en cas de besoin exceptionnel.
  4. Dans cette même idée, d’exceptionnalité, et sans savoir si la chose est techniquement imaginable. Avoir quelques sites industriels convertibles en un interval de temps rapide vers une production ou une autre. Ceci pourrait être privatisé, les industries sous contrat se verraient demander une production proche de la leur sous un intervalle de temps limité de sorte à valider leur capacité toutes les X années, sans être informées au préalable. L'idée d'avoir des usines nationales de masques et de respirateurs est débile, à moins que l'on ait la certitude que le prochain problème de l'humanité soit une pandémie d'infections respiratoires.
  5. Ces exceptions prises en compte, le commerce ouvert est relativement efficient, il crée des ententes, distribue les richesses, améliore nos vies, permet de résoudre des conflits internationaux sans violence. Sans être un but unique, il devrait être regardé comme vertueux à défaut d'avoir été prouvé coupable.
  6. Les acteurs économiques ne doivent pas être encouragés à faire des hyper optimisations, qui créent des systèmes plus efficients à court terme mais moins robustes. E.g. l'absence de stock est formidable jusqu'à ce que la logistique échoue.

 


jeudi 20 juin 2024

La parenthèse française

Nicolas Sarkozy s'est occupé de la droite, François Hollande de la gauche. Mais dans beaucoup de pays où la scène politique traditionnelle s'affaiblit, il semblerait que l'appel d'air soit polarisant et profite aux extrêmes. Italie, Espagne, Hongrie, Pologne, Portugal, France un peu.

La France faisait tout de même exception sur cette approche, Emmanuel Macron, sortit un peu de nulle part, avec un profil plus technocrate que dans la ire envers une société qu'il veut réformer. Le vent d'espoir était là, et la France, pendant un moment semblait avoir trouvé sa voix alternative dans la modération, un événement singulier.

L'homme donnait le change : a priori qualifié, pas forcément un pur produit des administrations françaises, ni de son monde politique. Avec un charisme indéniable, et, ce qui contribue probablement à la moitié de son aura international, des capacités transposables en anglais. Je surenchéris, l'homme, sauveur du monde, démarre son approche en ramenant du sang frais à la société. Pendant un instant c'était beau.

Alors ... gilets jaunes hebdomadaires, bordel du COVID, rebordel de l'Ukraine, les petite flambées de véhicules intempestives. La chance n'a pas forcément été de la partie. Mais dans un sens, il serait légitime aussi de se demander si la compétence, était bien là, au-delà de la prestation de communication occasionnelle. A un point où la cumulation des prises de position ratées, des erreurs de castings conservées plutôt que d'admettre des erreurs et des recrutements d'ouvertures laisse planer des doutes. Et une partie du contexte dérive probablement de la gestion habituelle des problèmes (gilets jaunes, délinquance, ...). On pourrait se demander si le vent frais qui devait se lever n'est pas finalement aller se loger dans la tête du capitaine.

Soit je suis un con dont le jugement ne doit pas être considéré, chose tout a fait possible. Soit il y un passage cocasse d'un homme qui représentait autant d'espoir à un autre président de la Vème République qui croyait entendre Dieu lorsqu'il n'y avait en fait qu'un echo. Une cocassité qui invite quand même à se poser la question, si au-delà des hommes, le système n'est pas lui même la fabrique de cette inertie et de cette médiocrité. Les fameuses institutions auxquels on fait bien confiance. Et si oui, comment l'améliorer sans jeter le bébé avec l'eau du bain, parce que même si on se plaint beaucoup, ça pourrait être pire.

Le fait est que s'il est des éclairs de génie dans le monde, parfois éclairant des génies incompris ; je pense qu'on se rappellera de la crise de nerf d'Emmanuel Macron comme d'un passage à vide assez inquiétant. La recette du cassoulet picard réchauffé au micro-onde n'a finalement pas pris, les invités sont repartis sans leurs tuperwares. La grande union contre l'extrême droite de Satan s'est pris les pieds dans le tapis. Quelle surprise.

Et, sans vouloir indiquer nonchalamment que l'empereur Macron a le fessier un peu exposé... Elle aurait eu quelle gueule l'"union républicaine" ? Sur quel terrain aurait-on pu voir écrire, les mains jointes avec le président, une gauche qui doit plus que composer avec La France Innomable (LFI), et une droite à demi moribonde. Le seul endroit où la mayonnaise prendra, peut-être de force, sera pour la composition d'un gouvernement. Et ... bon courage ... une belle dynamique en perspective dans un pays déjà difficile à manoeuvre.

La branlée va être mémorable, on voit des sondages sur le nombre de voix. N'oublions pas qu'il s'agit plutôt de gagner des sièges. Le suffrage majoritaire va faire mal et faire gagner beaucoup de sièges à celui qui arrive en tête. Le même système qui a permis de modérer l'influence des extrêmes va aujourd'hui, probablement les démultiplier. Il n'y a pas de scénario ou le gouvernement ne se retrouve pas à gauche teinte rouge, ou à l'extrême droite.

Du coup, on peut déjà regarder les sujets où il y a entente entre les potentiels vainqueurs :

  • Guerre en Ukraine : un soutien en demi-teinte. Même s'il y a eu de l'eau mise dans le vin. C'est à se demander si à un moment LFI et le RN n'avaient pas les mêmes financiers.
  • Réforme des retraites : après je ne sais combien de mois de grèves, de blocages, de votes, de revotes, de drame... Et bien on va probablement essayer de remettre le dentifrice dans le tube.



samedi 11 juin 2022

Socialism 20.22 : environnement et inflation

S'il est une question qui requiert l'intervention de l'Etat c'est celle de l'environnement.

Le sujet du changement climatique est un point majeur, probablement un des enjeux les plus importants de l'humanité pour notre siècle. Il faut reconnaître de l'astuce aux marxistes qui ont trouvé dans l'écologie le moyen de s'associer au nom d'une science et de rebrander leur idéal.

Le changement climatique a tellement fait glisser ce sujet dans l'air du temps que pas un seul parti n'a ignoré une vision environnementale progressiste. Dans un pays internventionniste comme la France et plus généralement l'Europe, ce n'est au fond qu'un argument de plus pour l'orgie de normes, de lois et de règlements.

Tout ceci n'est pas plus mal, une fierté légitime peut toucher ceux qui ont gérer le problème des gaz agissants sur la couche d'ozone dans les années 1980, et ceux qui ont amené des pays développer à décorreller leur PIB de leur consommation d'énergie.

Quelques décennies plus tôt, la corrélation entre PIB et consommation d'énergie était si forte qu'on aurait pu être tenter de climatiser le Sahara pour simplement voir la richesse des pays qui se le partagent augmenter.

Mais le PIB, la richesse, l'opulence sont des sujets matérialistes sortis des programmes politiques. Sans creuser plus loin, une recherche Google "PIB par habitant France", vous amène à vous demander comment la "décroissance" peut être percue comme disruptive. Ca fait plus d'une décénie que la tendance à l'appauvrissement national est un fait.

L'hypocrisie est de ne pas parler franchement d'appauvrissement et de perte de qualité de vie qui sont tous deux derrière la gestion de l'environnement telle qu'on la pratique. C'est d'ailleurs devenu pratiquement un point d'honneur de la mauvaise gestion : "c'est le futur". On ne peut plus se garer ? On supprime des places pour laisser 2 m2 terre en friche ? Le prix du chauffage explose ? Il est impossible d'avoir un permis de construire et les coûts explosent ? C'est le futur camarade ! Sers les dents et admires !

A moins de vivre dans des zones très spécifiques, le trajet en voiture reste plus rapide que les transports alors même que les zones urbaines on tout fait pour le rendre insupportable. Et soyons clair, qui voudrait manquer les effluves musqués et viriles de votre voisine se décomposant dans trois jours de crasse dans un RER bondé par une énième grève de la CGT, une panne ou simplement l'air du temps. Le future les gens ! Si les robots vous font peur, attendez de voir la réalité !

Et ca va plus loin, quand les prix des transports, de l'énergie et du logement explosent, c'est au moins 60% des dépenses du travailleur moyen qui deviennent 65%. Devenir propriétaire est un rêve, et les politiques d'accession à la propriété ni changent rien. Le logement est déjà découpé entre logement pour riche et logement pour pauvre... Même si ça sauve la planète, ça peut le faire un peu chier le travailleur.

Du coup, l'autre définition du socialisme c'est l'étouffement de la liberté personnelle. Où finit par vivre l'individu ? Quels sont les domaines dans lesquels s'exercent son libre arbitre ? D'après Jean-Luc Mélenchon, probablement tous les ans quand il va glisser un papier dans une enveloppe pour choisir entre vermillion et carmin.

Dans un monde comme le nôtre la première des libertés est de dépenser son argent. Hors cynisme, l'argent est un lubrifiant universel pour rendre et recevoir des services. En-dessous d'un certain niveau de richesse il est illusoire de voir énormément de choix et de liberté de choix à un individu.

L'inflation.

La planche à billet a fonctionné remarquablement bien et remarquablement longtemps car depuis des années que certains annoncent un effondrement monétaire, l'outil a presque semblé magique. Est-ce toujours avant l'orage que la lumière est la plus forte ? ... La métaphore est nulle. Mais 2021 semblait presque miraculeuse, l'inflation transitoire mais légère s'expliquait par les problèmes logistiques, l'emploi était en très bonne forme.

L'inflation est pour le salaire minimum une chose formidable puisqu'elle l'abaisse de manière indolore. L'emploi continue donc d'avancer, les revenus effectifs des travailleurs un peu moins.
100% des choses que notre travaillauer moyen pouvait s'offrir avec son salaire passe à 95%, mais le montant en fin de mois est le même.

L'inflation est maintenant moins transitoire, moins indolore, mais on l'explique par la guerre en Ukraine, on l'anticipe même. Le tortionnaire mégalomane qui dirige la Russie va en toute probabilité également causer une explosion des prix de l'alimentaire. Ne pleurons pas trop ici, parce que si cela va impacter notre qualité de vie, cela va tuer des millions de personnes dans les pays pauvres. Les pâtes à 4€ le kilos, c'est toujours plus sympa qu'une pénurie totale de nourriture.

La mesure de l'inflation est compliquée en essence parce que ce n'est pas nécessairement intuitif de venir avec une définition universelle consensuelle. Et en pratique parce que les pouvoirs publiques passent un peu pour des cons quand elle s'envole et peuvent jouer sur les modalités de calcul.

Par exemple, est-ce que simplement s'intéresser aux loyers est suffisant pour regarder la composante immobilière ? En théorie oui, en pratique le BLS aux USA procède ainsi, en pratique le rapport entre loyer et prix d'achat s'est effondré. Si le loyer a peu changé, le fait de devenir propriétaire coute beaucoup plus cher.

Est-ce que dans le prix des choses que mesure l'inflation, on doit considérer que l'individu veut faire des épargner ? Est-il légitime de regarder le multiple moyen des bénéfices que l'on paie une action pour avoir une base comparable ? Je crois que la réponse est non dans la plus part des mesures de l'inflation.

On a donc une définition très "basse classe sociale" de l'inflation, sans placement et locataire à vie.

Sur la période récente jusqu'en 2022, ces deux éléments ignorés ont flambés. L'inflation affichée était faible, les propriétaires étaient heureux, les actionnaires aussi, c'était Noël pour les banquiers centraux.

Si je mélange les deux idées, la politique environnementale crée une inflation sur une grande partie de l'économie, en majeur partie sur des choses incompressibles et en partie sur des choses non mesurées.

Ainsi se croise deux éléments proches dont aucun des deux ne semblent ralentir, le marteau descend, l'enclume monte. Je ne suis pas certain que la situation soit tenable à long terme.


samedi 2 avril 2022

Eloge de l'anonymat

"Cyber-harcèlement", protection de la vie privée en ligne.

 

La psychose de l'Internet est bien implanté, avec des saveurs différentes selon les interlocuteurs. Néanmoins on évoque assez rarement l'anonymat comme une pratique résolvant beaucoup de ces problèmes. Il est vrai qu'elle est peu aligner avec la lutte contre la criminalité en ligne ou encore avec des pures objectifs commerciaux. Mais pour les individus, elle a plusieurs vertus.

L'anonymat sur internet est souvent un pseudonymat, l'absence totale d'identité est rarement possible, surtout considérant que l'accès à beaucoup de contenu est souvent derrière une obligation de connexion / identification. Facebook, Twitter, Quora, Pinterest, la médiocrité exige une identité. Principalement parce qu'elle le peut, aussi parce que malheureusement nous l'avons accepté. Moi le premier à travers l'usage de Blogger... Internet était pensé pour être un réseau communiquant, il a évolué vers quelque chose ou l'information est plus organisée comme un Minitel et chaque usage à son service qui centralise toute l'information.

 

L'anonymat offre une ségrégation du monde. Mon nom dehors et mon nom en ligne n'ont pas de rapport. Empêcher les trois connards qui pourrissent la vie de vos gamins à l'école, de les retrouver en ligne, c'est leur rendre service. Plus généralement c'est glisser des bâtons dans les roues de tous ceux qui voudront partir d'un nom pour retracer une histoire, un agenda, un profil. Pour les pays où la liberté d'expression est persécutée c'est une pratique nécessaire.

Si mon identité digitale n'est pas nominative, je peux la recréer à volonté. Ou m'en débarrasser à volonté. La raison de celle-ci c'est qu'elle n'est liée à mon individualité que tant que je le souhaite.

Si je peux la créer à volonté, je peux également en créer à volonté et séparer mes identités en fonction de mes usages. Encore une fois ceci m'assure que ces usages et les contacts que je peux y avoir ne débordent pas l'un sur l'autre.


Croire que l'anonymat est le monopole des fanatiques et des criminels, c'est construire une société qui glorifie l’étiquetage.

Sur le plan des acteurs privés dans le digital, ce serait c'est autoriser des comptes accessibles sans être traçables à des personnes. La sécurisation à travers des numéros de mobiles est très efficace pour lutter contre la fraude et la subtilisation. Mais quand on l'impose, sommes-nous très loin de ces sites adultes qui il y a quelques années qui demandaient un numéro de carte bancaire, juste pour vérifier l'âge des utilisateurs ?

Sur le plan du droit, est-ce que le législateur pourrait penser à permettre de faire respecter des droits même pour des utilisateurs anonymes quand ceci ne met pas raisonnablement en danger la sécurité.


mardi 7 septembre 2021

Bullshit jobs et obsolescence

Il y a un petit temps j'ai regardé une vidéo de Veritasium sur l'obsolescence programmée. Je vous la conseille, la vidéo est courte et efficace, mais je vais en résumer les grandes lignes.

Durant le 20ème siècle l'efficacité des ampoules a été améliorée au point que les ampoules duraient trop longtemps et que les gens étaient trop équipés pour que les ventes se maintiennent. Loin d'être un sujet isolé, d'autres entreprises peuvent souffrir de conséquences similairement néfastes de la qualité de leur produit. L'explication prend également l'exemple des premières Ford. Mais plus récemment on peut également trouver Harley Davidson.

La vidéo explique que l'industrie s'est organisée sous forme d'un oligopole pour tout simplement diminuer progressivement la fiabilité des ampoules produites. Cet oligopole s'est arrêté aux alentours de la seconde guerre mondiale.

Ne parlant pas uniquement de fiabilité, le narrateur nous explique également d'autres méthodes pour rendre un produit obsolète : la mode, les choix de couleurs, la fin de production de pièce de rechange. Mais là n'est pas mon point.


lundi 17 août 2020

Intelligence artificielle, un biais contre les biais

Boycottant la hype et le marketing stupide, je ne laisserai "intelligence artificielle" que dans le titre. Si tu as cliqué Lecteur, c'est ton problème !

J'ai lu avec grand plaisir ce recueil "philosophique" de 9 auteurs qui commentent autour de GPT-3, le nouveau modèle de traitement du languages d'Open AI qui représentent un pas en avant en matière de performance. Un des essais part dans des considérations sur les biais du modèle. Je dois admettre que je l'ai sauté, par dépis, tant je trouve ce type de commentaires stériles.

 

 

Qu'est-ce qu'un biais pour un système de ce type ? C'est lui demander de complèter "mère ..." et lui demander de complèter "père ...". Et de comparer  "mère célibataire", "mère indigne", "mère patrie", "mère nourricière", "mère aimante" à "père de la physique moderne", "père de la nation", "père prévenant" ; et décider de manière plus ou moins suggestive que la représentation de la femme est inférieur à celle de l'homme.

Un peu plus ancien, Google avait une fonctionnalité permettant de décrire automatiquement une image. Très sympa pour chercher votre super cliché de "perroquet". Moi amusant pour les utilisateurs noirs auquel le système avait proposé "gorille" devant une de leurs photo.

Ce sujet peut être aussi un vrai sujet, quand, par exemple, certains modèles sont utilisés pour décider si oui ou non mettre des gens en liberté conditionnelle et que l'ont s'apercoit qu'ils conservent un biais racial.

D'où viennent ces biais ? Invariablement ces systèmes qui cherchent à déduire à partir de données des règles, des caractéristiques qui forment le modèle final. Et donc, ces biais viennent systématiquement des données, qui représentent une réalité tel quel est, ou une vision partielle de celle-ci.


lundi 3 août 2020

Economie et pandémie

Produit intérieur brut : "Le PIB est la somme des valeurs ajoutées brutes [des différents acteurs économiques]".

Plus de PIB ne veut pas forcément dire plus de richesse. Car si le PIB augment de 10% et la population de 20%, le PIB par habitant lui a baissé d'environ 8%, 1.1 / 1.2 = 0.916. Et ce n'est pas parce que le PIB par habitant augmente que sa répartition est bonne, ou qu'il est utilisé pour le plus grand bien être de la population. A défaut d'indicateur meilleur c'est tout de même une bonne métrique pour s'interroger sur la santé économique d'un pays.

Ce qui nous amène à nous demandé si le PIB a changé d'une année sur l'autre et donc sur le sujet de la sacro sainte croissance. Est-ce que l'on est mieux aujourd'hui qu'hier ?

La France est officiellement en récession. Les décroissants peuvent même se réjouir, la tendance baissière du PIB par habitant devrait clairement s'inscrire dans une baisse depuis un peu plus de 10 ans. Joli petit graphique chez Google.

Deuxièmement l'année 2020 va être sérieusement touchée, et il ne s'agit pas "juste d'une pause", opinion qui m'est personnelle mais que je vais tenter d'argumenter.

2% ... c'est peu, mais pour la croissance en France c'est un chiffre qui n'a pas été vu depuis plus de 10 ans.

Le premier trimestre 2020 a enregistré une baisse de 7%, le second de 14%.

Admettons que ces croissances soit par rapport aux trimestres de référence l'année passée (ce qui il me sembl est le cas), et demandons nous qu'est-ce qu'il nous faudrait comme croissance en trimestre 3 et 4 pour rattraper la chose en supposant que le PIB soit généralement le même sur les quatre trimestres.

0.93 + 0.86 + x + x = 0

x = 1.105

11% de croissance sur un seul trimestre, ce n'est tout simplement pas présent sur le graphique de l'INSEE qui remonte jusqu'en 2007.

2020 ne sera pas une bonne année.

... Merci Einstein, les centres commerciaux fermés, des usines arrêtés ... Même si les conséquences sont funestes le redémarrage de l'activité va tout simplement être un retour à la normale.

Je pense que l'on peut penser que non et voici ma réflexion.

Qu'est-ce qui fait la croissance ? Ces fameux 2% ?

Plus pragmatiquement, quelques exemples de ce qui pourrait contribuer à la croissance d'un pays toutes choses étant égales par ailleurs :

  • Celui qui trouve un emploi et dépense son excedent de revenu pour partir en vacances et réaménager une chambre, là ou l'an dernier il était resté chez lui.
  • L'entreprise qui arrive à vendre une nouvelle machine pour supporter une implantaion à l'étranger. Je précise "à l'étranger" car les importations comptent dans le PIB, des ventes internes d'entreprise à entreprise ne qualifient pas en tant que "valeurs ajoutées brutes"
Ne nous étendons pas à diverger en exemples ! Lecteur, même si tu n'es pas sobre, tu comprends l'idée.

Sans dire que la situation va nous renvoyer à l'^ge de pierre pour le plus grand plaisir des écolos trépignants, il y a quelques données qui vont faire que le coronavirus ne sera pas un on/off sur l'économie.

Par rapport à novembre 2019, qu'est-ce qui a changé ?
  • Beaucoup d'entreprises ont consommé de la trésorerie.
  • Beaucoup de particuliers ont également vu leur bas de laine être sollicités.
  • L'avenir est perçu comme beaucoup plus incertain. Et ce point est probablement le plus important.
En fonction des pays et des situations, les deux premières affirmations sont très variables. La situation française où le chômage a couvert 80% des revenus (voir 100% pour des fonctionnaires ne pouvant pas travailler). D'autres pays ont suspendu les loyers, ou  laissé ouvertes des possibilités de moratoires sur les crédits. Dans ces pays ou le confinement est indolore, on note plus d'hygénistes acharnés que dans d'autres. Sans critiquer la position en elle même, il est amusant d'observer à quel point la morale suit la bourse.

Mais, même quand le filet de sécurité est présent. Il est souvent à grosses mailles, le temps d'un communiqué de presse. Tant pis pour les indépendants.

Soyons clairs sur le volet moral, ça me choquerait qu'un dentiste indépendant se retrouve, à mes frais, avec 80% de son revenu net pour voir passer l'hiver. Pour autant c'est un contributeur (ou contribuable) important aux caisses de l'état, si la solidarité nationale est la norme, il en est le financier, il devrait en être, aussi, le bénéficiaire pour partie. Ceci pendant que beaucoup de fonctionnaires qui ont des salaires de 5 000 € se sont retrouvés dans une paisibilité plus assumé que d'habitude avec la totalité de leur revenus.

Mais parlons de faits. Le dentiste l'a eu dans le cul.

L'entreprise qui s'est prise des pénalités de retard. Elle aussi, elle sent comme un léger titillement de sa prostate comptable.

Couteau entre le dents, je t'entends murmurer : "La société tournera sans la raclure bourgeoise". Sauf que même si notre dentiste, Dr Cohen, en plus d'être dentiste, est un juif adoubé franc-maçon reptilien. L'argent qu'il encaisse habituellement sert à financer des entreprises de ses proches, réaménager une résidence secondaire ou investir dans l'immobilier. En clair sans lui et ses revenus habituellement comfortables, il y aurait peut-être moins un appartement en plus à vendre chez un promoteur, un artisan avec 10 000 € de chiffre d'affaire en moins à Deauville et un restaurant qui aurait fait faillite dans le Vème arrondissement.



Cet aimable Monsieur est probablement quelqu'un de prévenant, bon-père-de-famille™, il a un peu d'argent de côté. En général, on suggère d'avoir 6 mois de besoins financiers de côté. Mais même si son rythme de vie côté sortie et voyages s'est calmer, beaucoup de dépenses ont été incompressibles : les échéances de crédits ayant probablement été les principales.



Bref ces entités motrices de l'économie sont un peu moins à flot que précédement. L'incertitude économique n'incite pas non plus à réduire ma quantité d'argent que l'on voudrait idéalement avoir de côté.



A l'instinct, il y aura probablement trois étapes, possiblement concurrentes à venir.

  1. Rattrapage des choses différées urgentes ou des loisirs dont l'absence a été frustante, ce qui devrait probablement donner un déconfinement plutôt positif. Espérons un troisième trimestre sympathique, peut-être même un quatrième.
  2. Reconstitution et peut-être augmentation des trésoreries amenuisées par la crise.
  3. Attitude attentiste, pour éviter de prendre un risque trop important à un mauvais moment.
Et les points 2 et 3 ne sont clairement pas des choses qui vont aider à rattraper ce petit retard de croissance rapidement.

Sans que ce soit nécessairement le déclencheur assuré d'une crise majeure, ce sont des éléments qui ne sont pas en faveur du scénario d'une crise en V, la descente est là, mais la remontée devra peut-être prendre plus de temps.


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