lundi 3 août 2020

Economie et pandémie

Produit intérieur brut : "Le PIB est la somme des valeurs ajoutées brutes [des différents acteurs économiques]".

Plus de PIB ne veut pas forcément dire plus de richesse. Car si le PIB augment de 10% et la population de 20%, le PIB par habitant lui a baissé d'environ 8%, 1.1 / 1.2 = 0.916. Et ce n'est pas parce que le PIB par habitant augmente que sa répartition est bonne, ou qu'il est utilisé pour le plus grand bien être de la population. A défaut d'indicateur meilleur c'est tout de même une bonne métrique pour s'interroger sur la santé économique d'un pays.

Ce qui nous amène à nous demandé si le PIB a changé d'une année sur l'autre et donc sur le sujet de la sacro sainte croissance. Est-ce que l'on est mieux aujourd'hui qu'hier ?

La France est officiellement en récession. Les décroissants peuvent même se réjouir, la tendance baissière du PIB par habitant devrait clairement s'inscrire dans une baisse depuis un peu plus de 10 ans. Joli petit graphique chez Google.

Deuxièmement l'année 2020 va être sérieusement touchée, et il ne s'agit pas "juste d'une pause", opinion qui m'est personnelle mais que je vais tenter d'argumenter.

2% ... c'est peu, mais pour la croissance en France c'est un chiffre qui n'a pas été vu depuis plus de 10 ans.

Le premier trimestre 2020 a enregistré une baisse de 7%, le second de 14%.

Admettons que ces croissances soit par rapport aux trimestres de référence l'année passée (ce qui il me sembl est le cas), et demandons nous qu'est-ce qu'il nous faudrait comme croissance en trimestre 3 et 4 pour rattraper la chose en supposant que le PIB soit généralement le même sur les quatre trimestres.

0.93 + 0.86 + x + x = 0

x = 1.105

11% de croissance sur un seul trimestre, ce n'est tout simplement pas présent sur le graphique de l'INSEE qui remonte jusqu'en 2007.

2020 ne sera pas une bonne année.

... Merci Einstein, les centres commerciaux fermés, des usines arrêtés ... Même si les conséquences sont funestes le redémarrage de l'activité va tout simplement être un retour à la normale.

Je pense que l'on peut penser que non et voici ma réflexion.

Qu'est-ce qui fait la croissance ? Ces fameux 2% ?

Plus pragmatiquement, quelques exemples de ce qui pourrait contribuer à la croissance d'un pays toutes choses étant égales par ailleurs :

  • Celui qui trouve un emploi et dépense son excedent de revenu pour partir en vacances et réaménager une chambre, là ou l'an dernier il était resté chez lui.
  • L'entreprise qui arrive à vendre une nouvelle machine pour supporter une implantaion à l'étranger. Je précise "à l'étranger" car les importations comptent dans le PIB, des ventes internes d'entreprise à entreprise ne qualifient pas en tant que "valeurs ajoutées brutes"
Ne nous étendons pas à diverger en exemples ! Lecteur, même si tu n'es pas sobre, tu comprends l'idée.

Sans dire que la situation va nous renvoyer à l'^ge de pierre pour le plus grand plaisir des écolos trépignants, il y a quelques données qui vont faire que le coronavirus ne sera pas un on/off sur l'économie.

Par rapport à novembre 2019, qu'est-ce qui a changé ?
  • Beaucoup d'entreprises ont consommé de la trésorerie.
  • Beaucoup de particuliers ont également vu leur bas de laine être sollicités.
  • L'avenir est perçu comme beaucoup plus incertain. Et ce point est probablement le plus important.
En fonction des pays et des situations, les deux premières affirmations sont très variables. La situation française où le chômage a couvert 80% des revenus (voir 100% pour des fonctionnaires ne pouvant pas travailler). D'autres pays ont suspendu les loyers, ou  laissé ouvertes des possibilités de moratoires sur les crédits. Dans ces pays ou le confinement est indolore, on note plus d'hygénistes acharnés que dans d'autres. Sans critiquer la position en elle même, il est amusant d'observer à quel point la morale suit la bourse.

Mais, même quand le filet de sécurité est présent. Il est souvent à grosses mailles, le temps d'un communiqué de presse. Tant pis pour les indépendants.

Soyons clairs sur le volet moral, ça me choquerait qu'un dentiste indépendant se retrouve, à mes frais, avec 80% de son revenu net pour voir passer l'hiver. Pour autant c'est un contributeur (ou contribuable) important aux caisses de l'état, si la solidarité nationale est la norme, il en est le financier, il devrait en être, aussi, le bénéficiaire pour partie. Ceci pendant que beaucoup de fonctionnaires qui ont des salaires de 5 000 € se sont retrouvés dans une paisibilité plus assumé que d'habitude avec la totalité de leur revenus.

Mais parlons de faits. Le dentiste l'a eu dans le cul.

L'entreprise qui s'est prise des pénalités de retard. Elle aussi, elle sent comme un léger titillement de sa prostate comptable.

Couteau entre le dents, je t'entends murmurer : "La société tournera sans la raclure bourgeoise". Sauf que même si notre dentiste, Dr Cohen, en plus d'être dentiste, est un juif adoubé franc-maçon reptilien. L'argent qu'il encaisse habituellement sert à financer des entreprises de ses proches, réaménager une résidence secondaire ou investir dans l'immobilier. En clair sans lui et ses revenus habituellement comfortables, il y aurait peut-être moins un appartement en plus à vendre chez un promoteur, un artisan avec 10 000 € de chiffre d'affaire en moins à Deauville et un restaurant qui aurait fait faillite dans le Vème arrondissement.



Cet aimable Monsieur est probablement quelqu'un de prévenant, bon-père-de-famille™, il a un peu d'argent de côté. En général, on suggère d'avoir 6 mois de besoins financiers de côté. Mais même si son rythme de vie côté sortie et voyages s'est calmer, beaucoup de dépenses ont été incompressibles : les échéances de crédits ayant probablement été les principales.



Bref ces entités motrices de l'économie sont un peu moins à flot que précédement. L'incertitude économique n'incite pas non plus à réduire ma quantité d'argent que l'on voudrait idéalement avoir de côté.



A l'instinct, il y aura probablement trois étapes, possiblement concurrentes à venir.

  1. Rattrapage des choses différées urgentes ou des loisirs dont l'absence a été frustante, ce qui devrait probablement donner un déconfinement plutôt positif. Espérons un troisième trimestre sympathique, peut-être même un quatrième.
  2. Reconstitution et peut-être augmentation des trésoreries amenuisées par la crise.
  3. Attitude attentiste, pour éviter de prendre un risque trop important à un mauvais moment.
Et les points 2 et 3 ne sont clairement pas des choses qui vont aider à rattraper ce petit retard de croissance rapidement.

Sans que ce soit nécessairement le déclencheur assuré d'une crise majeure, ce sont des éléments qui ne sont pas en faveur du scénario d'une crise en V, la descente est là, mais la remontée devra peut-être prendre plus de temps.


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