mercredi 8 novembre 2017

Votre tolérance m'emmerde

 Bienvenue en 2017, où il est raciste de ne pas manger de couscous, machiste de tenir une porte ouverte et méprisant de parler à une femme que l'on ne connait pas.

Un peu étrange que ce paysage pavé des meilleurs intentions du monde.

La moindre conférence qui s'oriente un tant soit peu vers la gestion humaine aborde ces sujets, dont beaucoup sont devenus tendances et consensuels. Ce ne sont plus des sujets de discussion mais des mantras d'appartenance sociale.

C'est d'ailleurs devenu pour beaucoup un accessoire de mode prisé de pouvoir se trouver victime de leur orientation sexuel ou de leur race. Mais bizarrement ce discours de tolérance s'érode très rapidement et n'arrive pas à mordre sur des sujets de fonds.

Tous le monde est occupé à calculer dans chaque lieu qu'il estime important le ratio du nombre de paires de seins et du nombre de paires de couilles. Préoccupation d'un degré d'éveil impressionant qui nous fait nous demander à quel point ces comptables génitaux ont dépassé les traits qu'ils prétendent haïr chez l'autre.

Comme l'expliquait Morgan Freeman, le racisme sera mort le jour où on arrêtera de considérer qui est noir et qui est juif.



Plus troublant peut être, ces personnes qui approchent ces sujets comme une maladie. Hardant de défendre un homosexuel rejeté en société : "ce n'est pas de sa faute, il ne choisit pas". L'argument me blesse, là où l'occasion pourrait donné de rappeler à chacun ce qu'est la tolérance et où les choix de l'autre ne sont pas les leurs. On choisit de présenter ce que l'on souhaite défendre comme la pire des tares.

Bataillant contre ces maux, combattant pour un monde plus ouvert et plus divers, ils regardent d'un oeil bienveillant tous les réglements qui s'agrègent et s'entremêle pour les soutenirs. Un monde où de plus en plus de métiers recrutent par réglement ou par norme sur des critères plus que douteux, qui, s'ils oeuvrent pour une chose, ne sont que le phénix des corporations du moyen âge. L'envôlé des prix de certaines écoles reconstituant avec entrain un système de charges. Ou l'accréditation d'exercer n'est donné qu'à celui qui a pu s'offrir un diplôme fantasque.


vendredi 7 avril 2017

René Barjavel - La Nuit des Temps

Barjavel, Barjavel, voilà un nom que j'ai peut-être trop entendu pendant mes études pour y trouver un intérêt. Mais le temps passant, le nom revenant évoqué par les uns, recommandé par les autres, me voici donc lecteur de Barjavel et de La Nuit des temps, scénario de film qui devint un roman.

Cet article spoile, lecteur, ne te laisses pas abuser, fuis si c'est pour toi important. Je tente de garder quelques éléments de fin non discutés mais le coeur de l'intrigue te sera évoqué.



L'ouvrage écrit en 1968 est encore aujourd'hui d'une fraîcheur bien étonnante. L'auteur semble avoir saisi l'avancé de la science sur beaucoup de niveaux, mais, aussi, il a capturé la complexité des relations politiques de son époque.

Ainsi, c'est dans un contexte de Guerre Froide qu'une mission d'exploration française découvre, sous la glace, enfoncé à des centaines de mètres sous terre, les traces de constructions humaines. Datées de 900 000 ans, les ruines souterraines fédèrent un effort soudain international, rassemblant des scientifiques du monde entier pour le bien commun de ce que la découverte pourrait signifier.

La mission va extraire des ruines deux corps préservés du temps et tenter de ranimer en premier lieu la femme, Elea. Dont le narrateur, le Dr. Simon, va tomber amoureux et rajouter à son sujet, semés au fil du récit, quelques éléments romantico-dramatiques venant se joindre à la trame générale du récit.

L'histoire avance en diptyque, mettant en abîme la réalité du narrateur. Les souvenirs de la femme contant la fin de son monde, qui ayant déjà vécu un conflit grave et frôlé l'annihilation n'a pas su en prévenir un second. Les gondas et leur rivaux, les enisors avaient atteint, comme aujourd'hui, une situation de paix garantie par un niveau de puissance assurant l'annihilation mutuelle en cas de conflit. Mais la situation semble n'avoir pas tenu longtemps, et la destruction mutuelle semble de plus en plus inévitable au fil du récit.

Les culture d'Enisoraï et de Gondawa ne sont pas sans rappeler par certains de leur aspects les blocs Soviétique et de l'Ouest. Mais sans que rien ne permette au lecteur de les associer avec certitude.

A travers un récit mélangeant premier degré, à l'époque contemporaine, et métaphore, dans le récit d'Elea. L'auteur explore des problématiques complexes comme le risque croissant inhérent au progrès technique, le pacifisme et son opposition au pragmatisme, le sens de la vengeance, l'amour ou encore, plus terre à terre, les possibilités à court terme de la technologie de son époque.

On y découvre peu à peu le regard d'un Barjavel parfois un peu aigris. Il sait emmener le lecteur dans l'histoire convaincante d'un élan mondial visant un but commun pour l'humanité. Avant que le rêve ne soit rattrapé par la réalité qui le taraude et l'émiette au fil du récit.

Si vous ne l'avez pas encore lu, je vous invite à vous laisser emmener par ce roman. Méprisant les micro-trottoirs et les discussions abruties devant les informations télévisées, décrivant des scènes sensuelles avec talent, René Barjavel n'a pas vraiment l'aspect poussiéreux que je lui imaginais initialement.


Related Posts with Thumbnails