Sans que ce soit un événement sans précédent, le vote de confiance et le départ annoncé de François Bayrou de son poste de Premier ministre sont un petit événement au niveau de la politique française. Voir au niveau du monde, la trame de fond est la dette de la France. J'imagine que quelques personnes ont un léger sentiment de s'être réveillés Cassandre.
Coalition of the willies ou pas, il va falloir la jouer sacrément sioux pour être crédible sur la scène international lorsqu'il y a des évocations d'une venue du FMI pour gérer le bordel ambiant. Ca ne va pas rattraper les scènes d'humiliations outre-atlantique.
Bref, cette introduction pour dire que devant le naufrage, j'ai laissé la curiosité me piquer et tenté de voir le vote en direct. Je pense que si le résultat ne laissait aucun doute pour personne. Le processus en lui-même valait le coup.
La session démarrait à 15h, pratiquement visionnable via le système de streaming de l'Assemblée Nationale... avec quelques saccades et uniquement sur Chrome, mais bon... c'est ça d'avoir un petit budget.
Il aura fallu approximativement 4h pour accoucher du résultat effectif. Discours du Premier ministre, le capo dei clapotis, suivi des discours des têtes des groupes de l'Assemblée Nationale. La plus part énervés. A coup de 30 minutes chacun, le temps est long, très long. Ca s'emmerde sec sur les bancs de l'Assemblée. Les français ont une réputation d'être bons amants, ils apprécient probablement les préliminaires. Mais quand s'il s'agit d'emmancher l'électeur et la nation, on apprécierait que le coup de grâce vienne plus vite.
Reconnaissons un peu de positif d'abord, l'éloquence est là. C'est beau, ça m'apprend des mots de vocabulaire, j'en raffole mais ça ne rattrape pas le pathétique de l'histoire.
Dans les positifs, mention spéciale ! Le Premier ministre a réussit l'exploit de se mettre la totalité de l'Assemblée à dos avec sa proposition de supprimer des jours fériés. C'est à se demander jusqu'où cette autruche arrive à enfouir sa tête, voir si c'est bien sa tête que l'on voit s'exprimer.
Les attitudes dans l'Assemblée sont peut-être à l'image du milieu nauséabond de la politique française. On y interrompt l'orateur, on l'invective, on grogne, on papotte. La Présidente de l'Assemblée Nationale fait un travail de professeur en ZEP, les dorures et les portiers en plus. Pour la France !
Chacun applaudit son camp et, au mieux, ignore les autres. Le Premier Ministre finit son intervention et est visiblement occupé sur son téléphone pendant qu'un autre orateur suit. L'addiction au digital, que voulez-vous.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, la nation et son drame.
Je fais quelques calculs également, pour la forme. 4h de présence à l'assemblée c'est une demi-journée de travail. Même si je doute que dans l'euphorie d'autres choses aient été faites aujourd'hui, on va partir sur ça.
Le coût annuel d'un député est d'environ 91 000 € bruts, admettons que l'état paie des charges patronales ou un équivalent, on arrive à 127 000 €.
Ca doit probablement prendre quelques jours au frais de la princesse à droite à gauche, mais comptons 218 jours de travail. Le jour de travail coûte 580 € au contribuable, sans compter le personnel, les frais de l'Assemblée, les hôtels, et tout ce qu'on peut imaginer.
Les députés étaient 573. Puisqu'il faut les oublier, on oubliera les Ministres de l'actuel gouvernement. La petite sauterie télévisuelle et télévisée aura coûté un minimum de 170 000 €, probablement le double ou triple. Et personne ne grincera des dents parce que ce n'est pas un dîner avec un vin un peu trop cher. Ce sont des libations au panache de la nation.
Sinon l'Assemblée en elle-même revendique un budget de fonctionnement de 600 millions, donc 1.5 millions la demi-journée.
Alors, si j'arrête l'ironie, je dois poser deux hypothèses. Soit ces gens sont un poids mort pour la société, et il est à la charge de celle-ci de les occuper à ça ou autre chose, et là, effectivement, la Présidente de l'Assemblée Nationale gère belle et bien une classe de ZEP. Soit on considère qu'ils ont un intérêt productif pour la société et c'est juste une autre perte de temps et d'argent. Parce que l'ego du Premier Ministre lui imposait d'exploser en vol et que chacun y voit ses trentes minutes de discours, la belle occasion d'amortir ces heures à trouver la vanne parfaite.
J'imagine qu'il y a des miroirs dans les toilettes du Palais Bourbon. Il serait temps de les observer un instant. Si possible pour autre chose que s'adonner à l'onanisme.