lundi 8 septembre 2025

Vote de confiance, la sensation d'un double naufrage

Sans que ce soit un événement sans précédent, le vote de confiance et le départ annoncé de François Bayrou de son poste de Premier ministre sont un petit événement au niveau de la politique française. Voir au niveau du monde, la trame de fond est la dette de la France. J'imagine que quelques personnes ont un léger sentiment de s'être réveillés Cassandre.

Coalition of the willies ou pas, il va falloir la jouer sacrément sioux pour être crédible sur la scène international lorsqu'il y a des évocations d'une venue du FMI pour gérer le bordel ambiant. Ca ne va pas rattraper les scènes d'humiliations outre-atlantique.

Bref, cette introduction pour dire que devant le naufrage, j'ai laissé la curiosité me piquer et tenté de voir le vote en direct. Je pense que si le résultat ne laissait aucun doute pour personne. Le processus en lui-même valait le coup.

La session démarrait à 15h, pratiquement visionnable via le système de streaming de l'Assemblée Nationale... avec quelques saccades et uniquement sur Chrome, mais bon... c'est ça d'avoir un petit budget.

Il aura fallu approximativement 4h pour accoucher du résultat effectif. Discours du Premier ministre, le capo dei clapotis, suivi des discours des têtes des groupes de l'Assemblée Nationale. La plus part énervés. A coup de 30 minutes chacun, le temps est long, très long. Ca s'emmerde sec sur les bancs de l'Assemblée. Les français ont une réputation d'être bons amants, ils apprécient probablement les préliminaires. Mais quand s'il s'agit d'emmancher l'électeur et la nation, on apprécierait que le coup de grâce vienne plus vite.

Reconnaissons un peu de positif d'abord, l'éloquence est là. C'est beau, ça m'apprend des mots de vocabulaire, j'en raffole mais ça ne rattrape pas le pathétique de l'histoire.

Dans les positifs, mention spéciale ! Le Premier ministre a réussit l'exploit de se mettre la totalité de l'Assemblée à dos avec sa proposition de supprimer des jours fériés. C'est à se demander jusqu'où cette autruche arrive à enfouir sa tête, voir si c'est bien sa tête que l'on voit s'exprimer.

Les attitudes dans l'Assemblée sont peut-être à l'image du milieu nauséabond de la politique française. On y interrompt l'orateur, on l'invective, on grogne, on papotte. La Présidente de l'Assemblée Nationale fait un travail de professeur en ZEP, les dorures et les portiers en plus. Pour la France !

Chacun applaudit son camp et, au mieux, ignore les autres. Le Premier Ministre finit son intervention et est visiblement occupé sur son téléphone pendant qu'un autre orateur suit. L'addiction au digital, que voulez-vous.

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, la nation et son drame.

 

Je fais quelques calculs également, pour la forme. 4h de présence à l'assemblée c'est une demi-journée de travail. Même si je doute que dans l'euphorie d'autres choses aient été faites aujourd'hui, on va partir sur ça.

Le coût annuel d'un député est d'environ 91 000 € bruts, admettons que l'état paie des charges patronales ou un équivalent, on arrive à 127 000 €.

Ca doit probablement prendre quelques jours au frais de la princesse à droite à gauche, mais comptons 218 jours de travail. Le jour de travail coûte 580 € au contribuable, sans compter le personnel, les frais de l'Assemblée, les hôtels, et tout ce qu'on peut imaginer.

Les députés étaient 573. Puisqu'il faut les oublier, on oubliera les Ministres de l'actuel gouvernement. La petite sauterie télévisuelle et télévisée aura coûté un minimum de 170 000 €, probablement le double ou triple. Et personne ne grincera des dents parce que ce n'est pas un dîner avec un vin un peu trop cher. Ce sont des libations au panache de la nation.

Sinon l'Assemblée en elle-même revendique un budget de fonctionnement de 600 millions, donc 1.5 millions la demi-journée.

 

Alors, si j'arrête l'ironie, je dois poser deux hypothèses. Soit ces gens sont un poids mort pour la société, et il est à la charge de celle-ci de les occuper à ça ou autre chose, et là, effectivement, la Présidente de l'Assemblée Nationale gère belle et bien une classe de ZEP. Soit on considère qu'ils ont un intérêt productif pour la société et c'est juste une autre perte de temps et d'argent. Parce que l'ego du Premier Ministre lui imposait d'exploser en vol et que chacun y voit ses trentes minutes de discours, la belle occasion d'amortir ces heures à trouver la vanne parfaite.

J'imagine qu'il y a des miroirs dans les toilettes du Palais Bourbon. Il serait temps de les observer un instant. Si possible pour autre chose que s'adonner à l'onanisme.


dimanche 25 mai 2025

Interdépendance

Interdépendance, coopération, mondialisation, globalisation, beaucoup de presque-synonymes.

Autarcie, indépendance, autonomie, souveraineté, d'autres presque-synonymes antonymes des premiers.

Le choix des mots reflète bien souvent l'opinion de celui qui les emploie. Je continue dans les quelques débats qui me semblent s'y rapporter.


Le COVID a mis en avant les fragilités de la logistique mondiale, et aussi ses conséquences internationales. Peut-être au mépris des autres et de l'humain, peut-être légitimement certains états ont privilégié leur population à leurs engagements et au droit.

Les agressions russes en Ukraine sont pénalisées depuis 2014 par des sanctions économiques, dont l'efficacité est critiquée par certains, mais force est de constaté que c'est un sujet qui revient lorsque sont couvertes les discussions pour la fin des hostilités dans l'actualité. La Russie n'est pas une exception dans ce genre de pratique du monde occidentale pour imposer une vision et pénaliser un comportement. Iran, Chine, Hongrie, Israël...

Beaucoup de pays, dont la France et les Etats-Unis, ont des positions visant à promouvoir une renaissance d'une industrie locale, principalement autour d'idée de création d'emploi et de richesse. Ceci suivant une démarche selon laquelle, il est possible que l'économie tertiaire ne soit pas aussi solide, robuste et inclusive que l'on aurait pu l'imaginer il y a 30 ans.

D'autres encore promeuvent le développements de pays du tiers monde, qui s'ils ne vivent pas de subside des autres, vont devoir trouver des choses à vendre sur la place mondiale.

Le coût écologique du transport, souvent mis en avant, est en réalité souvent une fraction plutôt faible voir dérisoire sur un produit fini.

Autre idée, je crois, développée par Adam Smith, si les nations échangent, elles auront moins d'intérêts à se faire la guerre. Même si cette idée peut-être nuancée, beaucoup de guerres dans l'histoire n'ont pas vu les flux économiques entre les belligérants s'interrompre.

 

Fin des éléments factuels, début des idées personnelles.

 

Les conclusions relatives aux points précités sont souvent antagonistes : on ne développe pas une industrie locale, sans diminuer ses échanges avec d'autres, ce qui n'est pas sans conséquence pour eux, et ce qui diminuent les leviers et les raisons de rester en paix.

Ainsi je pense que la bonne position est une position d'équilibre.

  1. Les bonnes politiques doivent pouvoir être réciproques et soutenables.
  2. Un pays (voir même une région) doit être en capacité de nourrir sa population. Ceci afin d'éviter que les fragilités logistiques menacent un élément fondamental de la vie. Ceci est conciliable avec une économie de marché ouverte et un maintient de prix: si l'Etat veut garantir l'autonomie sur ce sujet, il doit donc être un acheteur de dernier ressors maintenant les prix, quite a détruire un éventuel surplus. Ou par une politique de subvention de l'agriculture. 
  3. Une même idée, peut-être plus nuancée en fonction du climat, autour de l'énergie. A défaut d'être produite localement, celle-ci devrait à minima soit être fortement diversifiée, soit être productible localement rapidement en cas de besoin exceptionnel.
  4. Dans cette même idée, d’exceptionnalité, et sans savoir si la chose est techniquement imaginable. Avoir quelques sites industriels convertibles en un interval de temps rapide vers une production ou une autre. Ceci pourrait être privatisé, les industries sous contrat se verraient demander une production proche de la leur sous un intervalle de temps limité de sorte à valider leur capacité toutes les X années, sans être informées au préalable. L'idée d'avoir des usines nationales de masques et de respirateurs est débile, à moins que l'on ait la certitude que le prochain problème de l'humanité soit une pandémie d'infections respiratoires.
  5. Ces exceptions prises en compte, le commerce ouvert est relativement efficient, il crée des ententes, distribue les richesses, améliore nos vies, permet de résoudre des conflits internationaux sans violence. Sans être un but unique, il devrait être regardé comme vertueux à défaut d'avoir été prouvé coupable.
  6. Les acteurs économiques ne doivent pas être encouragés à faire des hyper optimisations, qui créent des systèmes plus efficients à court terme mais moins robustes. E.g. l'absence de stock est formidable jusqu'à ce que la logistique échoue.

 


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