vendredi 7 février 2014

Montebourg ou l'ingénu

Si les qualités de nos hommes politiques en matière de morale douteuse, de copinage, de corruption et d'abus de bien sociaux sont variables, il y a un élément plutôt rare et inattendu dans les déclaration de Montebourg.

Cahuzac ne s'est pas présenté sur un journal télé pour dire que tant qu'à voir des pots de vin passer autant en encaisser quelques uns. Sapin ne débarque pas fleur au fusil en expliquant que ses prévisions sont fausses car elles répondent à des problèmes d'images avant de répondre à un soucis de planification. Lefebvre et Bertrand n'ont jamais reconnu que ses prises de positions grotesques qu'ils assumaient avaient pour seule ambition de montrer leur ambition, je mords donc je monte.
Marine, le paquebot en tailleur du FN, n'a jamais devisé sur la difficulté d'élargir à tout prix son électorat tout en préservant celui de départ, qui se fait sucer les chevilles à chaque discours de l'UMPS. Même Valls, pourtant prêt à tout pour montrer que les socialistes du PS sont aussi infâmes que ceux de l'UMP et qu'en conséquence il se verrait bien président, ne l’étale pas aussi explicitement.

Arnaud le simple, lui, s'en fout... A la conférence Le Web de décembre, il déclarait devant le monde entier, en anglais, sa volonté de ralentir l'innovation pour préserver les industries existantes. C'est presque à nous faire regretter qu'il parle si bien anglais quand la seule externalités de la chose est de montrer le côté 100% conservateurs de la France.

Mais du conservateur au con servile, il n'y a malheureusement que peu de chemin.

"Je suis contre la concurrence, je veux encourager les ententes". Ou, pour reprendre l'original: "ce n’est pas une politique, la concurrence, c’est même l’absence de politique. Nous avons décidé de mettre fin aux excès dangereux de cette politique. Nous pensons qu’il est nécessaire qu’il y ait un certain nombre d’ententes, pas dans le sens condamnable du terme mais dans le sens utile", dans le contexte de la protection des opérateurs historique, je suis curieux de savoir ce qu'est l'utile.

Je m'explique relativement mal ce genre de déclaration, soit l'individu s'est laissé corroder les méninges par trop de redressement productif, soit il s'agit d'un exercice de communication raté. De facto Montebourg a démontré que son seul moyen de subsistance dans les médias était de rendre son arrogance digne de Louis XIV, ses propos digne des frères Marx (et de leur cousin germain) et sa sagacité comparable à celle d'un drap de bain un peu humide. Même si ça peut plus ou moins
servir le gouvernement qui le supporte en agissant selon la tactique de "la France s'effondre, vite un autre sujet", ça ne peut que ruiner le personnage. Lui prêter ce cynisme, ce revient à le voir se porter à peu près autant d'estime que ce que nous lui portons...

L'impact de ce genre de déclaration est tel qu'il a tendance à vous couper la parole. De lui-même, tout seul, comme ça, le malotru. Un peu comme quelqu'un qui vous déclarerait "je trouve que l'acharnement judiciaire contre Marc Dutroux a été infâme", "les camps de concentration c'était bien", "je pense qu'on devrait interdire les licenciements"...

L'Arlequin de l'aile Gauche de la Gauche (à ne pas confondre avec le Don Juan diabétique), proche du peuple, se permet de te lâcher cash "si demain la téléportation arriverait, je l'interdirait pour permettre à Renault de s'adapter", il y a cent ans il aurait combattu les voitures pour protéger les calèches. "Demain, je fais une loi pour forcer les opérateurs télécoms à se réunir et voter ensemble des tarifs", rien ne l'arrête. "Nous allons demander à tous ceux qui
répondent aux appels d'offre public de s'arranger pour ne fournir qu'une offre claire à l'état, claire et surévaluée". Le seul micromotif que pourrait trouver le macroénarque ce serait
l'emploi, autant le mentionner, puisque c'est là son excuse. Z'EMPLOIS!

Le problème quand tu es pauvre, ce n'est pas que tu t'ennuie, c'est que tu manques d'argent et, même couverte d'emplois aidés, la France n'aura pas résolu ses problèmes économiques.

J'aimerais adhéré à la thèse du génie politique, du parasite éveillé, mais j'imagine que la rationalité me propose plutôt, à devoir trancher, d'utiliser le rasoir d'Hanlon et d'attribuer à la connerie d'un énarque ou de ses conseillers ce qui ne saurait l'être à un cerveau en état de fonctionnement, même machiavélique.

**EDIT**: après écriture mais avant publication, Arnaud menace Google, je pense que la suppression que Google doit pouvoir infléchir la croissance! Seul problème, dans le mauvais sens.


Related Posts with Thumbnails